Brevet de la calotte au sujet des bals et du concert de Lyon
Brevet de la calotte au sujet des bals et du concert de Lyon1
Nous, commis par le dieu Momus
Pour prévenir tous les abus
Qui pourraient se commettre au bal
Pendant le temps du carnaval,
Si dans une salle bornée
Une trop nombreuse assemblée
Causait quelque dérangement
À ceux de notre Régiment
Et prévenir la décadence
Du Concert toujours en balance,
Pour lequel depuis longtemps
On cherche des expédients.
Voulant lui donner la ressource
Qu’il n’a pu trouver dans la bourse
De tant de protecteurs divers,
Savoir faisons à l’univers
Qu’extrêmement touchés du zèle
Des amateurs de Philomèle,
Nous leur donnons un plein pouvoir
D’afficher et faire savoir,
Par l’imprimé le plus précis,
Le résultat de leurs avis,
Ne doutant point de la finesse
D’un style plein de politesse
Où pourtant le mot de rigueur
Contre le prévaricateur
Pourra librement s’employer
Sans qu’il doive s’en effrayer,
Nous qualifions d’assemblée
Pourvu qu’on entre sans épée,
Ce rendez-vous qu’en pensant mal
On nommerait peut-être un bal.
Même, attendu cette réforme,
Qu’on admette qu’en uniforme
L’officier à présent servant –
Car s’il avait quitté, néant –
Pourront prendre leurs beaux habits
Les chevaliers de Saint-Louis,
Ornés de cette illustre marque
Pour avoir affronté la parque.
Ils entreront, si dans la ville
Ils n’ont encore de domicile.
L’étrangère ni l’étranger
Ne le doivent pas exiger.
Cependant deux par préférence
Pourront entrer sans conséquence.
L’on donnera abondamment
Différents rafraîchissements
Qui seront du pays lointain
Tirés de la première main,
Louant toujours l’économie
D’une si sage compagnie.
Enfin pour faire exécuter
Cet ordre dans tout son entier,
On placera devant la porte
Une très nombreuse cohorte
Pour empêcher le grand fracas
Qui peut-être n’y sera pas,
Et dans l’intérieur un marbre
Qui, là planté comme un vieux arbre,
Fera les mauvais compliments
Sans égard aux contrevenants.
Pour ne pas manquer de finance,
Surtout lorsqu’il s’agit de danse,
Si les fonds venaient à tarir,
On pourra d’abord recourir
À ma cassette d’Uranie
Qui toujours est si bien garnie.
Défendant très expressément
De demander un supplément
À la généreuse jeunesse
Qui toujours de donner s’empresse.
Et comme ce beau règlement
Est émané directement
Des directeurs, gens de génie,
Grands maîtres de cérémonie,
Et que nous, officiers susdits,
Avons approuvé leurs écrits,
Voulant suivant notre habitude,
Témoigner notre gratitude
Et noblement récompenser
Ceux qui savent si bien penser,
De notre pleine liberté
Et souveraine autorité
Les reconnaissons hautement
Pour Agrégés au Régiment
Où par eux seuls seront réglées
Toutes nocturnes assemblées,
Et où nous leur donnons pouvoir
De décider du blanc au noir.
Voulons que pour appointements
Ils aient trois mil écus par an
Que librement ils pourront prendre
Sur l’odeur des vapeurs à l’ambre
Qu’exhaleront en sautillant
Les Dames du quartier brillant.
Nous leur donnons de plus pour gages,
Comme sujets galants et sages,
Les justes applaudissements
Des étrangers ici passant.
D’une assemblée dont le modèle
Ne se rencontre pas partout,
Mais où l’on voit briller le goût.
Pour les syndics qui sont en place,
Nous ne leur faisons point de grâce
En les recevant postulants
À la suite du Régiment.
Nous entendons que ces présentes
Soient scellées comme patentes
De notre sceau, et qu’à côté
L’on voit et voce et arte.
- 1Le titre n’est fourni que dans la table des matières.
Lyon BM, MS 1503, N°49