Brevet d’archichasseurs de la Calotte pour Rochais et Saint-Quentin
Brevet d’archichasseur de la Calotte pour Rochais et Saint-Quentin
De par le dieu porte-marotte,
Nous, généraux de la Calotte,
Ayant appris par la gazette
Et par la Faye, fine brette,
Que plusieurs de nos calotins,
Las de manger bœuf et mouton,
Demandaient pour leur ration
De fois à autre des lapins,
Comme un mets très noble et très digne
De la brigade calotine.
Avons jugé très à propos,
Pour les tenir souples et dispos,
D’acquiescer à leur demande.
A ces causes, étant averti
Que sur pareil cas Valdori
Pourrait donner un bon conseil,
L’avons prié qu’à son réveil
Il veuille bien en telle affaire
Nous conseiller ce qu’il faut faire.
Sur quoi il nous a répondu,
Que de chasseur bien entendu
Il fallait faire une recrue
Pour donner gratis la repue,
Et qu’il en avait vu au val
Deux bien plus experts à la chasse
Que Josseray à la fricasse
Et le petit Balon [?] au bal,
Que l’un s’en allait pas à pas
Portant son fusil dans ses bras
Le long des bruyères et des bois ;
Que l’autre, à l’entrée de la nuit,
Artistement, sans aucun bruit,
Allait en fraude assassiner
Un vieux lapin sur son terrier ;
Enfin que ces chasseurs célèbres,
Bien plus que ceux des bords de l’Èbre,
Étaient Saint-Quentin et Rochais,
Vrais calotins par leurs hauts faits,
Ca, à dire la vérité,
C’est malheur s’ils n’ont rien tué.
À l’un le cerf n’est point venu ;
Ainsi tirer il ne l’a pu.
À l’autre, le lapin rusé
Par trop vite s’est retiré,
Mais qu’il réparerait sa faute
Si le maudit lapin ne saute
Vu qu’au [?]
Il ne fait trop bien [?]
Sur ce, le Conseil assemblé,
A été dit et statué
Que pour le bien du Régiment
Il fallait faire un règlement
Pour incorporer dans le corps
Des chasseurs et sonneurs de cor
Comme des gens fort nécessaires
À nos troupes non mercenaires
Et qui, beaucoup mieux qu’à la Trappe
Leur feraient vivre sainte étape.
Mais qu’attendu l’expérience
Des Sieurs Rochais et Saint-Quentin,
En fait de chasse et dépendance,
Ils seraient par un bulletin
Ou par brevet particulier
Honorés de nos singuliers
D’archichasseur des calotins
Et pour salaires et menus gains
Auraient chacun tous les trois mois
[?] et [?] tournois
Autant qu’en ont tous les veneurs
Appartenant aux grands seigneurs,
Lesquels gages, appointements,
Seraient assignés tous les ans
Sur les belles et fertiles plaines
Des communes qui sont prochaines
De la riche abbaye du Val,
Où, tout de même qu’Hannibal
Dans les délices de Capoue
Aux maux passés ont fait [?]
De plus qu’en considération
De la brume et du soleil
Ou d’un courage sans pareil
Vont les tirer de venaison,
Ils ont, auront par distinction
La triple calotte de plomb,
Et pour armes et pour devises,
Papillons peints sur leurs chemises.
Fait au Conseil du Régiment.
Signé Torsac, Aymon présent.
F.Fr.9353, f°195v-196v - F.Fr.12785, f°162r-163r - F.Fr.15015, f°187r-189v - Lille BM, MS 65, p.60-66