Brevet à M. le Duc de Bourbon. Extrait des registres du Régiment de la Calotte. 1725
Brevet à M. le Duc de Bourbon
Extrait des Registres du régiment de la Calotte1
Sur la requête présentée
Au monarque des Calotins
Par la troupe expérimentée
Dans l’art des narquois et devins,
Disant que, faute d’un ministre
Habile, équitable, prudent,
Dont le mérite et l’ascendant
Pût détourner le sort sinistre
Qui menaçait le Régiment,
On voyait dans le firmament
La future et prompte ruine
De toute la gent calotine.
À ces causes, les suppliants,
Gens avisés et prévoyants,
Requirent avec humble instance,
Qu’il plût à Sa Divinité
Nommer, commettre en diligence
Nommer en toute diligence
Un ministre expérimenté,
Un successeur à la Régence,
Pour veiller à leur sûreté
Et faire leur félicité.
Vu la Requête, et fin d’icelle,
Tout sainement considéré,
Et mûrement délibéré
Sur le bon choix requis par elle ;
Ouï le rapport Calotin
Des sieurs Aymon et Saint-Martin,
Grands Généraux de la Calotte,
Le puissant dieu de la Marotte,
Étant sur un nuage assis,
Après avoir pris les avis,
A nommé pour le ministère
De l’Empire de la Chimère
Louis Henri Duc de Bourbon,
Tant seulement Prince de nom,
Attendu que feu son grand-père
Acquit ce titre heureusement
Par la grâce du Parlement
Pour sauver l’honneur de sa mère.
En conséquence, à lui permis
De soutenir par ses prouesses,
Ses lâchetés et ses bassesses
Le rang qu’il ne doit qu’à Thémis,
Lorsqu’il s’agira d’alliance
D’une promise à son promis,
Tous deux d’une égale naissance,
Tous deux d’une égale puissance,
Qu'à n’en rien faire il soit commis,
Autorisé par sa prudence,
Afin que deux peuples amis
Soient dans la mésintelligence
Comme ils étaient au temps jadis.
Item, le fait mis en balance.
Permis à sa capacité,
Faisant preuve d’expérience,
De diminuer la finance
Et d’en causer la rareté.
Pour faire cesser la cherté,
Veut Sa Majesté Chimérique
Qu’il régisse la République,
Au gré du Conseil qu’il prendra,
En opprimant ceux qu’il craindra.
Par un esprit de politique,
Pour conseil ledit Prince aura
Un des gardes de l’Opéra2
,
Qui, par sa savante rubrique,
A mis la finance en Musique.
En son Conseil il admettra
Dame Alecton, sa bonne amie.
Dans leur querelle il entrera,
Et pour eux il exercera
Son équitable tyrannie
Sur ceux que Thémis blanchira.
Et pour illustrer son génie,
Par eux il se gouvernera.
Pour bien remplir son ministère,
En Prince de condition,
Son unique occupation
Sera celle de ne rien faire,
N’expédiant aucune affaire
Étrangère à sa passion
Qu’il aura soin de satisfaire.
Entend que ce noble Seigneur
Après ses travaux se délasse,
Et que pour le commun bonheur
Il ait la fureur de la chasse.
En outre qu’il se fasse honneur
Des gains qu’il a fait sur la place,
Au temps de Messire Agiot,
Dont il entendait le tripot.
Consent que dans son tripotage,
S’entremettant de mariage,
Il n’ait en vue uniquement
Que l’intérêt du Régiment.
Fait dans l’hôtel de la pythie
Le jour que l’Infante est partie,
Pour s’en retourner à Madrid,
Ainsi signé, Goujon L’esprit.
Plus, Aymon, au bas de l’écrit.
1732/1735, III, 18-21 - 1752, III, 18-21 - F.Fr.9353, f° 225v-226v - F.Fr.10475, f°252-53 - F.Fr.12785, f° 10r-13v - F.Fr.12800, p.172-1 et 275 - F.Fr.13660, f°60-61 - F.Fr.15014, f°199r-202v - F.Fr.15143, p.330-36 - F.Fr.20036, p.270-274- F.Fr.25570, p.269-273 - Arsenal 2975, p.25-27 - Arsenal, 3128, f° 166v-168v et 298r-299v - Arsenal, 3134, f° 259v-262v - Arsenal 3289, f°28r - Arsenal, 3359, p.165-168 Arsenal, 4844, f°150-152 - BHVP, MS 639, p.357-63 - BHVP, MS 663, f° 120v-124r - Avignon BM, MS 1223, p.321-24 - Bordeaux, BM, 693, p. 599-602- Bordeaux, BM, 700, f° 241r-244v - Grenoble, BM, 587, f° 123v-125r - Lyon, BM, 754, f° 154r-155v - Marais, II, 872-73 - Bouhier-Marais, I, 176