Assignation du Sieur d’Ornel, organiste,
au Sieur Aymon, Général de la Calotte
Au nom de d’Ornel, organiste
De la patronne de Paris,
Le premier couché sur la liste
Des brigadiers des étourdis,
Et le plus grand antagoniste
Qu’ait jamais eu le sens rassis,
En son nom, dis-je, ou sa requête
Comparaîtra dans trois jours au plus tard,
Devant Momus, Dieu goguenard,
Messire Aymon, surnommé Bonne tête,
Vrai général des cerveaux éventés,
Par ses soins enrégimentés,
Sous le titre fameux de la noble calotte ;
Pour se voir icelui contraindre au payement
D’une marche, dont chaque note
Est convenable à la Marotte
Qui gouverne ce Régiment.
Ledit Messire aurait promis pour cet ouvrage,
Quatre médailles d’argent fin,
Portant la devise et l’image
De la divinité peu sage
Qui règle l’État calotin.
L’accord se fit à table en la présence
Du jovial Sieur Châtelain,
Contrôleur des grands mets choisis par excellence
Pour la bouche du Roi, notre unique espérance.
Il n’est point de fait plus certain
Le demandeur, j’ose le dire,
À très bien satisfait à son engagement,
Sa marche est composée avec tel enjouement
Qu’on ne peut l’entendre sans rire ;
Ce qui prouve bien clairement,
Qu’elle est digne du régiment.
Or le présent exploit sera pris à la lettre.
Le débiteur doit s’y soumettre,
Sinon je lui déclare net
Qu’il sera hautement condamné du bonnet.
Signifié comme un trait d’arbalète,
Parlant audit Messire en redoublant mes pas.
Trait de prudence en pareil cas,
Qui garantit le dos d’une fâcheuse quête.
Le vingt et deux du mois des chats,
Vigile du dimanche gras.
Par moi sergent, signé L’Honnête.