Jugement de la calotte sur le procès
entre M. de Fontenelle et Arlequin
Sur la complainte criminelle
Faite au Conseil du Régiment,
Par maître Bernard Fontenelle
Contre Arlequin et sa séquelle,
Accusés solidairement,
À ce qu’à leur troupe comique
Il soit fait inhibition
De jouer pièce dramatique,
Sous le titre d’Endymion,
Disant que sous ce titre même,
Ayant depuis trente ans en ça
Rimé pièce d’un prix extrême
Qu’à l’Opéra l’on refusa,
Et qu’il veut par excès de zèle
Revendre au Roi comme nouvelle ;
Ouï Scaramouche d’autre part,
Sur les franchises de son art ;
Vu d’Arlequin les singeries,
Culbutes et bouffonneries ;
Tout mûrement considéré,
Nous avons dit et déclaré,
Que pourra la Troupe italique,
Par parodie ou par critique,
Vilipender, huer, berner,
Mettre en pièces et bistourner
L’auteur d’Aspar (pièce immortelle,
Par le sifflet qui naquit d’elle)
Des Lettres du chevalier d’Her…
Qu’admire madame Lambert,
Des digressions, où Virgile
Est traité partout d’imbécile.
Défendons à l’auteur barbon,
Depuis trente ans portant lunettes,
D’écrire plus tendres sornettes
Ballet, opéra, ni chanson,
Ni dans une cour printanière
Amener muse douairière,
À peine d’être mis meshui
Aux incurables du Parnasse,
Où Coypel fils ayant pris place,
Voudra bien chambrer avec lui.
Donné de notre pure grâce
Au grand Conseil du Régiment.
Signé Torsac, Aymon présent.