Extrait des registres du conseil du Régiment de la Calotte, pour Mad. de Saint-Sulpice
Extrait des registres du conseil du régiment de la calotte, pour Madame de Saint-Sulpice
De par le dieu porte-marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Obligé par notre devoir
De travailler à l’avantage
De nos sujets, et de prévoir
Ce qui serait à leur dommage,
Et d’empêcher par tous moyens
Que notre troupe calotine,
Tant dans son corps que dans ses biens,
Ne reçoive méchef et ruine,
De l’avis de notre Conseil,
Pour empêcher un cas pareil
A l’aventure déplorable,
Arrivée à Dame de nom.
Cette illustre et galante Dame,
Aussi prudente au bal qu’au jeu,
Par sa criarde qui s’enflamme,
Se voyant tout à coup en feu,
Crie : au secours, à moi, je brûle.
Mais la compagnie incrédule
Croyant qu’un semble discours
Tendait à la pure fadaise,
Loin d’accourir à son secours,
La laisse brûler tout à l’aise,
Dont tel malheur est advenu
Que le conter par le menu,
Ce serait si terrible histoire,
Qu’à grand’peine on pourrait la croire,
Si par d’oculaires témoins
Qui cette Dame ont assistée,
Elle n’eût été racontée.
Or, voulant donner tous nos soins
Pour qu’une disgrâce semblable
N’arrive en notre Régiment
Au sujet d’un sexe agréable
Et que nous aimons tendrement :
Nous défendons à nos vassales,
Tant vivandières que vestales,
De porter sacristain panier,
Tant de baleine que d’osier,
Et criardes gauderonnées,
Pendant qu’auprès des cheminées
Le froid contraindra d’approcher
Pour se chauffer ou se sécher.
Permettons les susdites hardes,
Paniers sacristains et criardes
Pendant les chaleurs de l’été,
D’autant qu’alors il n’est à craindre
Une telle calamité,
N’ayant nul dessein de contraindre
Les Dames dans cette saison,
Où, par une bonne raison,
L’air et le frais sont nécessaires
Contre les feux caniculaires ;
Plus, voulons, si le ciel permet
Que ladite dame en revienne,
Que de notre part elle tienne
La main, afin que sur ce fait
Toute autre soit obéissante,
Sous peine, à la contrevenante,
D’éprouver accident pareil.
Arrêté dans notre conseil,
Le même jour que nos brigades
Faisaient joyeuses mascarades
Et couraient porter le Momon.
Par nous, Torsac, et moi, Aymon.
1725, I, 86-88 1726, 80-81 1732/1735, I, 87-89 F.Fr.9353, f° 63r-64v F.Fr.15015, f° 119r-121v F.Fr.20036, p.114-117 F.Fr.25570, p.215-217 Arsenal, 3359, p.28-30 BHVP, MS 663, f° 171v-174r Institut, 647, f° 137r-138v Bordeaux, BM, 700, f° 180v-183r Grenoble, BM, 587, f° 13v-14v Lyon, BM, 750, f°223v-224r Lyon, BM, 751, f°67