Brevet pour l'Académie des Inscriptions
De par le Dieu porte-marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Du merveilleux toujours épris,
Avec plaisir avons appris,
Que la Royale Académie,
De tout verbiage ennemie,
À fait la belle inscription
Devant le Palais de Régence,
Inscription dont l'élégance
Égale la précision.
En effet ces quatre paroles,
Quantos effundit in usus,
Bien loin d'être des sons frivoles,
Nous font voir per omnes casus,
Combien cette illustre fontaine,
Est utile à la vie humaine,
Tant pour abreuver les chevaux,
Les mulets, les chiens et les ânes,
Qu'à laver linges et drapeaux
Servant aux usages profanes.
La rue et quartier Fromenteau,
Exigent abondance d'eau,
Pour purifier eaux croupies,
Plus sales encore que roupies.
Item pour laver les bassins
Que l'on présente aux médecins ;
Pour rincer verres et bouteilles
Et quantité d'autres merveilles,
Dont cette source abondera,
Et dont le Mercure fera
Une liste des plus galantes.
Voulons que nos troupes passantes
Tombent dans l'admiration
En lisant cette inscription,
Ainsi qu'elle-même l'ordonne.
Vu que les quatre mots finis,
On y voit en haute colonne
Le punctum admirationis !
Prions son Altesse Royale
De permettre que pour la salle
Où s'assemblent les beaux esprits,
Dix pouces de cette eau soient pris,
Pour y former une fontaine,
Qui leur servira d'Hypocrène.
Les créons par ce mandement
Grands inspecteurs du Régiment.
Voulons que Coypel ne nous peigne
Aucun drapeau, cornette, enseigne
Portant nos devises et cris
Que du fait de ces beaux esprits.
Plus, consentons que les médailles
Quittent le goût des antiquailles
Qu'elles ont eu par ci-devant,
Et qu'a proscrit ce corps savant
Auquel, pour gages et salaires
Des services qu'en espérons,
Outre nos faveurs honoraires,
Déléguons la moitié du fonds
Sur les vapeurs que la science
Nous fournit avec abondance,
Dû depuis qu'au Louvre habitant,
Ce corps aussi beau qu'important,
S'arrogeant le ton despotique,
Ferme la bouche à la critique,
Et se met à l'instar des Rois,
Au-dessus de toutes les lois.
Fait et conclu dans l'assemblée
Qui dégrada Torsac d'emblée,
Pour avoir despotiquement
Voulu régir le régiment.