Brevet d'arpenteur et calculateur du Régiment de la Calotte,
donné à l'Abbé Terrasson, frère du fameux avocat
De par le Dieu porte-marotte,
Nous, Colonel de la Calotte,
Pour travailler utilement
À la gloire du Régiment,
De l'avis de tous les notables,
Gens très sensés et très capables,
Donnons à l'Abbé Terrasson,
Homme docte en toute façon,
Surtout dans la géométrie
Dont il connaît la théorie,
La charge de grand arpenteur,
Mesureur et calculateur
Des espaces imaginaires ;
D'autant qu'il a déjà donné
Des preuves solides et claires
Que son esprit n'est point borné ;
Témoin le riche et beau Système,
Par un rare esprit inventé,
Et dont il a, par maint problème,
Prouvé l'infaillibilité.
Sur ce jugeons qu'il faut admettre
Le susdit savant géomètre
Dans notre corps tant signalé,
Pour être par lui calculé
Et augmenté jusqu'au centuple,
Afin de décupler nos fonds
Et centupler nos pensions.
Et d'autant que ce grand génie,
Tint bon et n'a point déguerpi
De la nouvelle colonie
Établie au Mississipi,
Malgré tout esprit incrédule
Qui le traitait de ridicule.
Lui soumettons ce grand pays
Pour en mesurer l'étendue,
Et tous les fonds avec leur prix,
Dont raison nous sera rendue
Par le géomètre susdit,
Tant par discours que par écrit,
Le tout appuyé d'un édit.
Espérons que la dividende
En sera plus sûre et plus grande,
Sur le rapport qu'il en fera
et que l'on communiquera
Aux calotins actionnaires,
Lesquels n'ont point réalisé
Comme certains millionnaires,
Peuple avide et bien avisé.
Au surplus et pour récompense,
Accordons audit arpenteur,
Mesureur et calculateur,
Sur les brouillards de notre France,
Deux mille écus, en attendant
Qu'il ait un plus gros divident
Sur la riche et prochaine flotte
Qui reviendra dudit pays,
Avec innombrables profits.
Lui décernons double calotte
Aussi bien que le grand cordon.
Signé Torsac, et moi, Aymon.