Sans titre
Du sérieux de Melpomène,
Maître du pouvoir sur la scène1
,
Tu décides de ses appas,
La musique à ton goût pliante
Ne saurait faire de fracas
N’étant pas obéissante.
Le noble auteur à tes approches
Bien en garde sur les reproches
Craint le refus d’un opéra
Prévenu dessus ses paroles
Sur la musique d’un Campra
Met l’ennuyeux des mauvais rôles.
Toi qui devrais être à la guerre
Aussi craint que l’est le tonnerre
Quel triomphe t’est préparé
A la tête de la musique,
Par des acteurs seuls révéré,
Est-ce là l’art de la tactique ?
Mon Carignan, le sort des armes
Pour un grand cœur a seul des charmes.
Il tire son nom de l’oubli
Et loin de craindre de disgrâce
Préfère aux beaux sons de Lulli
L’attaque d’une forte place.
Au lieu de rêver aux alarmes
De craindre Mars et ses alarmes
Marche sur les pas des guerriers.
Ton jeune âge assez t’y convie
Il est un temps pour les lauriers
Et pour les plaisirs de la vie.
Songe à te placer dans l’histoire,
Elle conserve la mémoire
Des généreux et des hardis.
A quoi te mène une entreprise
D’acteurs souvent mal applaudis
Ou d’opéras que l’on méprise ?
Ces terribles foudres de guerre
Qu’on a vu dépeupler la terre
Par leurs vaillants et beaux exploits,
Ces héros de Rome et de Grèce
S’occupaient-ils de belles voix,
Du touchant d’une tendre pièce ?
Plus amis de la belle gloire,
Ils allaient droit à la victoire
Et t’imitant peu, Carignan,
Loin de ton charmant héroïque [?]
Traçaient par leur valeur le plan
Du plus excellent dramatique.
- 1Sur le prince de Carignan ayant l’entreprise de l’Opéra comme l’avait ci-devant M. de Francine (M.)
F.Fr.15132, p.432-34