Les adieux du Parlement
Les adieux du Parlement
Adieu, Louis, notre père à tretous
Nous vous aimons de cœur et de franchise
Vous nous chassez, mais non, ce n’est pas vous.
Monsieur votre oncle en a fait la sottise.
Est-ce bien lui ? las, non pas tout à fait ;
De faire un crime il n’a pas le courage.
Sans le P… hélas notre Dauphin vivrait.
Sans Law enfin changerions-nous de cage ?
Par les leçons de sa chère maman
Le duc borgnon1
a fait ce grand miracle.
Il jure Dieu, tranche du capitan,
Le Régent tremble et Law est au pinacle.
Adieu pourtant, petit-fils de Condé
Châtre Lassé2
ou fait boucler ta mère.
Law est par toi dignement secondé
Mais tu n’as pas un trait de ton grand-père3
.
Adieu vous dis, agréable bossu4
.
Cher prince, hélas, vous pensez à merveille
Au départir nous vous aurions tous vu,
Mais au bordel vous couchâtes la veille.
Laissez De Prie engloutir notre argent ;
Vous, Parabère, jouez un plus beau rôle ;
Sauvez l’État, conseillez au Régent
De quitter Law, Le Blanc et la vérole.
Cher d’Aguesseau, c’est enfin votre tour ;
Votre vertu pesait trop à vos maîtres.
Dieu nous garde que l’ennui du séjour
Pour revenir fasse de nous des traîtres.
En vous quittant, Law, nous pleurerons tous
Pour vous revoir nous ferez-vous attendre ?
Sur notre foi, nous songerons à vous ;
Comptez sur nous lorsqu’il faudra vous pendre.
Parisiens, pleurons tous fortement ;
Dieu le permet, notre perte est certaine,
On nous ravit notre bon parlement.
Las, il s’en va courir la prétentaine.
Pas ne voulaient à maints trompeurs édits
Prêter la main ; admirez, je vous prie :
Nostradamus nous l’avait bien prédit ;
Sur le Pont-neuf lisez la centurie.
Quand adviendra que certains maquereaux5
Gouverneront la nation gauloise,
Gens du sénat, bridés comme des veaux,
La paille au cul regagneront Pontoise.
F.Fr.15231, f°41 - F.Fr.13656, p.505-07 - BHVP, MS 670, f°40r-40v
Certains couplets apparaissent parfois isolés, par exemple $7945 ou $3744.