Stances sur Escobar
Stances sur Escobar1
Qu’Escobar plaît, qu’il a de doux propos !
Par ses écrits si dignes de louanges
Tous les démons s’en vont être des sots ;
Tous les pécheurs s’en vont être des anges.
Il faut orner son livre de festons.
La vérité chez lui s’est rencontrée.
Pauvres humains, vous n’alliez qu’à tâtons
Quand cette étoile à vos yeux s’est montrée.
Goûtez, goûtez les mets les plus exquis,
De tous vos biens faites-vous des délices ;
Ils sont à vous, vous les avez acquis
Par bons moyens, ou bien par injustices.
Quoi, je pourrais m’en servir en ce cas ?
Restituer n’est donc pas nécessaire ?
Le mal est fait, vous ne le feriez pas,
C’est bien assez, si c’était à refaire.
Un adultère en peut-il dire autant ?
N’en doutez pas. Un devin ? Tout de même
Conseillez-moi sur un point important,
Et qui me tient en une peine extrême.
Perrette et moi, nous sommes d’un marché.
Je vous entends, cette Perrette est belle ?
A vous dire vrai, elle vaut un péché,
Plus je la vois, plus je brûle pour elle.
Si vous quittiez l’occasion du mal
En quel état vous faudrait-il réduire !
Je n’irais pas, je pense, à l’Hôpital
Mais ma maison pourrait bien se détruire.
Votre maison détruite ! C’est beaucoup.
Encore faut-il posséder quelque chose
Votre intérêt vous réglant pour ce coup
A votre amour peut donner gain de cause.
De grâce encor, un avis seulement
Le moindre jeûne est contraire à ma bile.
Qui vous confesse ? est-ce quelque Allemand ?
Eh quoi, le jeûne est chose si facile !
Soupez le soir et jeûnez à dîner.
Cela me cause un léger mal de tête.
Ne jeûnez point. Quesnel me fait jeûner.
Escobar dit : Quesnel est une bête.
Fi des auteurs qu’on crut au temps jadis.
Qu’ont-ils d’égal aux maximes du nôtre !
Ils promettaient au plus un paradis
En voici deux, pour ce monde et pour l’autre.
- 1Autre titre: Stances sur le Père Escobar qui a écrit en faveur de la Constitution (M.).
F.Fr.13656, p.195-97 - BHVP, MS 670, f°125v-126r