Paraphrase dédiée à Mgr le duc d'Orléans
Paraphrase dédiée à Mgr le duc d’Orléans
1
Le Seigneur est connu dans ces climats paisibles.
Il habite avec nous, et ses secours visibles
Ont de son peuple heureux prévenu les souhaits.
Ce Dieu de ses faveurs nous comblant à toute heure
A fait de sa demeure
Le séjour de la paix.
2
Du haut de la montagne où sa grandeur préside,
Il a bridé la lance et l’épée homicides
Sur qui l’impiété fondait son ferme appui.
Du sang de l’étranger a fait fumer la terre
Et le feu de la guerre
S’est éteint devant lui.
3
Une affreuse clarté dans les airs répandue
Frappa d’aveuglement cette troupe éperdue.
Par un nouvel effroi je les vois dissipés
Et l’éclat foudroyant de ses rayons célestes
Anéantit leurs restes,
Au glaive échappés.
4
Ces insensés qu’endort une vapeur légère
Prennent pour le vrai bien une ombre mensongère
Qui leur peint des trésors chimériques et vains.
Mais bientôt le réveil dissipe cette ivresse
Et toutes leurs richesses
S’échappent de leurs mains.
5
L’ambition conduit leurs escadrons rapides ;
Ils dévorent déjà dans leurs courses avides
Toutes les régions qu’éclaire le soleil.
Mais le Seigneur s’élève, et sa seule menace
Convertit leur audace
En un morne sommeil.
6
Dieu, que ton pouvoir est grand et redoutable !
Qui pourra se cacher au trait inévitable
Dont tu poursuis l’impie au jour de ta fureur ?
A punir les méchants ta colère fidèle
Fait marcher devant elle
La mort et la terreur.
7
Contre ces oppresseurs tes jugements augustes
S’élèvent pour sauver les humbles et les justes
Dont le cœur devant toi s’abaisse avec respect.
Ta justice paraît, de feu étincellante,
Et la terreur tremblante
S’arrête à son aspect.
8
Ceux qui par ta clémence reçoivent ces miracles
Ne cessèrent jamais d’adorer tes oracles,
De bénir ton saint nom, de pratiquer ta loi.
Quel encens est plus pur qu’un si saint exercce ?
Quel autre sacrifice
Est plus digne de toi ?
9
Ce sont les présents, grand Dieu, que tu demandes
Peuples, ce ne sont point vos pompeuses offrandes
Qui le peuvent payer de ces dons immortels.
C’est par une humble foi, c’est par un amour tendre
Que l’homme peut prétendre
D’enrichir ses autels.
10
Venez donc adorer le Dieu saint et terrible
Qui vous a délivrés par sa force invincible
Du joug que vous avez supporté tant de fois,
Qui d’un souffle réduit l’orgueilleuse licence,
Relève l’innocence
Et terrasse les rois.
F.Fr.12796, f°51v-53r