Sans titre
Un barbouilleur ayant fait contre Homère
De mauvais vers qu’il avait crus méchants1
Demandait grâce avec humble prière
A l’offensé : « J’adore vos talents,
Lui disait-il, et suis bien magnanime,
Car je pardonne à votre esprit sublime,
À vos écrits qu’adore l’univers. »
Par tous les dieux dont j’ai peint la puissance,
Dit le vieillard à l’animal pervers,
L’effort est grand ! Moi, par reconnaissance,
Je ferai grâce à votre impertinence ;
Mais je ne puis faire grâce à vos vers.
- 1Cette seconde facétie, mêlée de persiflage apparent et de louanges équivoques, a réchauffé la bile de M. de Voltaire et il a répliqué par la très médiocre épigramme qui suit. D’autres veulent qu’elle ne soit point de ce maître, mais de quelques-uns de ses garçons fanatiques (M.).
Collé, III,129