Sans titre
Les trente-neuf sur leur bureau tapis
Pour balotter un récipiendaire,
L’abbé Leblanc, cet aigle littéraire,
Par le Buffon fut mis sur le tapis.
Il alléguait ses immortelles lettres,
Et de Nason les tristes pentamètres,
Par lui traduits ; ses talents, son savoir,
Ses vers mogols, enfin tout son avoir.
Au bruit ronflant de ce mérite unique,
Chacun lâchait sa fêve académique,
Quand un quidam, noble et bouffi d’orgueil,
Leur dit : « Messieurs, encore que la naissance
Ne donne droit au sublime fauteuil,
Si dans le choix faut-il quelque décence.
Quoi, parmi nous un geôlier être inscrit ?
Eh ! qui ne voit qu’en faisant cette emplette
Pour l’avenir ce serait pièce faite
S’il se trouvait un bourreau bel esprit1
! »
- 1[Vers de Robbé sur l’abbé Leblanc qui l’avait attaqué sur sa conversion. L’abbé Leblanc était, disait-on, fils d’un geôlier de Dijon.[…] Je ne sais si ce fait est bien constant, mais en le supposant il est inhumain d’attaquer un homme de ce côté-là (Collé).
Arsenal 3128, f°384r - Collé, II,297-98