Sans titre
Le grand Dorval, tout bouffi d’égoïsme1 ,
D’abord s’est peint, et puis il s’est jugé,
Pour nous prouver sur un ton d’aphorisme
Que qui le dit doit en être affligé ;
J’en suis d’accord, trêve de syllogisme.
Mais que me fait à moi son stoïcisme,
Et cet autel par lui-même érigé
A sa vertu ? de ce charlatanisme
Depuis longtemps je suis trop excédé.
L’esprit de secte et de prosélytisme
Dont à toute heure on le voit possédé
Lui fait mêler un sombre pédantisme
A l’esprit fort, au jargon d’athéisme ;
On croirait voir, à son triste maintien,
Un capucin qui prêche le déisme.
J’aime encore mieux lire mon catéchisme
Que m’ennuyer pour n’être pas chrétien.
Ami Dorval, le plus sot fanatisme
Est la fureur d’être martyr de rien2 .
Le grand Dorval, tout bouffi d’égoïsme3
,
D’abord s’est peint, et puis il s’est jugé,
Pour nous prouver sur un ton d’aphorisme
Que qui le dit doit en être affligé ;
J’en suis d’accord, trêve de syllogisme.
Mais que me fait à moi son stoïcisme,
Et cet autel par lui-même érigé
À sa vertu ? de ce charlatanisme
Depuis longtemps je suis trop excédé.
L’esprit de secte et de prosélytisme
Dont à toute heure on le voit possédé
Lui fait mêler un sombre pédantisme
À l’esprit fort, au jargon d’athéisme ;
On croirait voir, à son triste maintien,
Un capucin qui prêche le déisme.
J’aime encore mieux lire mon catéchisme
Que m’ennuyer pour n’être pas chrétien.
Ami Dorval, le plus sot fanatisme
Est la fureur d’être martyr de rien4
.
- 1 Voici des vers contre la pièce et la poétique de Diderot ; je les crois de Piron. Il y a de la force, des rimes singulières et des choses louches et obscures : ce n’est pas là ce que je blâme le plus ; ce que je trouve impardonnable, c’est d’attaquer quelqu’un sur la religion, surtout quand on n’est pas plus dévot qu’un autre.
- 2 [Je viens d’apprendre que ces vers sont d’un M. Favier (note de Collé)]
- 3Voici des vers contre la pièce et la poétique de Diderot ; je les crois de Piron. Il y a de la force, des rimes singulières et des choses louches et obscures : ce n’est pas là ce que je blâme le plus ; ce que je trouve impardonnable, c’est d’attaquer quelqu’un sur la religion, surtout quand on n’est pas plus dévot qu’un autre (Collé).
- 4[Je viens d’apprendre que ces vers sont d’un M. Favier (Collé)
Arsenal 3128, f°371v - CLK, février, p.84 et avril 1757, p.126 - Collé, II,84-85