Romance sur saint Louis
Romance sur Saint Louis
Chanson
Chantons Louis, Louison le brun,
Car c’est un saint qui n’est pas du commun.
C’est notre patron, roi de France,
Qui est tout rempli d’innocence.
Il n’avait pas encore cinq ans
Qu’il aimait Dieu plus que tous ses parents,
Car il entendait le dimanche
La messe avec sa mère Blanche.
En lui furent toutes vertus ;
Par lui tous vices furent combattus ;
Il garda, tant il était sage,
Jusqu’à vingt ans son pucelage.
Et s’il n’eût pas fait onze enfants
A Marguerite en moins de quatorze ans
On l’aurait mis au rang des vierges
En paradis avec un cierge.
Un jour qu’il s’en allait mourir
Il fit un vœu désirant d’en guérir,
C’était d’aller en terre sainte
Et de laisser sa femme enceinte.
Un hôpital il établit
Où ce bon roi trois cents aveugles mit ;
Vous logeriez bien mieux sans doute
Ce petit dieu qui ne voit goutte.
Quoiqu’il fût délicat et beau,
On lui voyait la haire sur la peau
Pour imiter ce prince apôtre
Que mettez-vous dessus la vôtre ?
En dansant il mettait parfois
Dans ses souliers des coquilles de noix.
C’était, en faisant pénitence,
Pour gagner le ciel en cadence.
Or prions Dieu qu’imitant Louis
Nous puissions gagner son saint paradis.
Prions Jésus, sa sainte mère,
Peuple chrétien, c’est votre affaire.
Clairambault, F.Fr.12718, p.459-60 - F.Fr.13659, p.254-55