Sonnet à M. de Voltaire
Sonnet à M. de Voltaire1
Quelle est donc aujourd’hui cette plume insolente2
Qui, suivant les transports d’une aveugle fureur,
Des chants harmonieux que ta Minerve enfante
S’efforce, mais en vain, d’affaiblir sa douceur ?
Arme-toi pour punir sa colère impuissante
De ces traits dont ta main foudroya maint auteur
Afin qu’à ses dépens, devenant plus prudente,
Désormais elle sache arrêter son ardeur.
Que crains-tu ? Phoebus t’offre une main secourable,
Le Pinde à tes desseins fut toujours favorable.
Fais donc, savant Voltaire, éclater ton courroux.
Mais que dis-je, il vaut mieux mépriser cet outrage,
Car l’honneur qu’il aurait d’expirer sous tes coups,
Serait encore pour elle un trop grand avantage.
F.Fr.13659, p.47 et p.95