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Épître de l'abbé Ballon à un ami

Épître de l'abbé Ballon à un ami1
Que le public est indulgent !
Souffrir ainsi qu'on lui dérobe
Et ses bravos et son argent !
Plaisante merveille, qu'un globe
Mette d'abord les gens en l'air !
À l'Opéra j'en vis hier
Deux bien ronds, bien blancs, qui me firent
L'effet que vos badauds admirent.
Eh bien ! je n'en suis pas plus fier.
Je ne crois pas que j'imagine
De faire imprimer quelque jour
Combien de pieds a ma machine,
Son diamètre, son contour.
Non, je sais jouir en silence.
Longtemps, je t'en fais confidence,
J'ignorai l'art de maîtriser
Mon gaz qui s'échappait d'avance ;
Mais à force de m'exercer,
De répéter l'expérience,
Comme un autre j'ai su trouver,
Sans me lester avec du sable,
Le secret de m'élever
Qu'à certain degré raisonnable.
J'ai bien peur d'être devenu,
Entre nous, un peu trop habile.
Au point où je suis descendu,
Je regrette, le croirais-tu ?
Le temps où, comme un imbécile,
Je montais à ballon perdu.

  • 1 Epître à Zirphé, au sujet des ballons aérostatiques (F.Fr.13653) - 25 février – On a fait sur les ballons la polissonnerie suivante, sous le titre d'Épître de l'abbé Ballon à un ami (Mémoires secrets)

Numéro
$2538


Année
1784




Références

F.Fr.13653, p.325-26 - Mémoires secrets, XXV, 140-141