Vers à Messieurs Auguste de Piis et Barré
Vers à messieurs Auguste de Piis et Barré.
Quoi ! vous criez qu’on vous dépouille
De vos droits sur défunt Pannard,
Et sans pudeur vous chantez pouille
À nos amis, Laujon, Collé, Favart !
Bon Dieu ! quelle avarice extrême !
Pourquoi compter ce qu’on vous prend ?
Le dommage n’est pas bien grand
Quand on est riche par soi-même.
Poursuivez hardiment, retracez-nous toujours,
De vos bergers, les plaisirs, les amours.
Et chacun à cette peinture
Ne connaissant pour Apollon
Et pour conseil que la nature,
Dira : quelle aimable imposture !
Les plus jolis tableaux ne sont point au salon ;
Ce n’était cependant chose très nécessaire
De mettre votre muse en frais,
Pour nous fournir de l’an l’agréable carrière ;
Et vous n’auriez eu nuls regrets
D’abandonner ce soin à d’autres ;
Car on peut dire avec raison,
Que des pièces comme les vôtres
Paraîtront toujours de saison.
Mémoires secrets, XVIII, 78-79