Epitaphe du parlement de Rouen
Epitaphe du parlement de Rouen
par la femme d’un conseiller de cette cour1
Ci-gît sous ces sacrés portiques2
,
Ces marbres, ces voûtes antiques,
Un respectable corps, dont les membres épars
Courent encore mille hasards.
Passant, de quelques pleurs arrose au moins sa cendre.
Son zèle était si pur, son cœur était si tendre !
Il chérissait le peuple, il adorait le roi,
De son devoir, suivant la loi,
Longtemps avec honneur il servit sa patrie.
Mais menacé d’ignominie,
Accusé par la calomnie,
De rébellion, d’attentat,
Il aima mieux s’ôter la vie
Que de vivre sans gloire et de trahir l’État.
Réponse par une dame du même parlement
De tous les parlements, Madame, un seul a tort.
Loin de combattre, il fuit ; loin de vaincre, il abdique.
Ainsi le vieux Caton, en se donnant la mort,
Au lieu de la servir, perdit la république.
F.Fr.13651, p.149 - F.Fr.15141, p.233 - BHVP, MS 699, f°15r (sans la réponse) - BHVP, MS 703, f°132r - Marseille BM, MS 531, f°51v-61r - Mémoires secrets, I, 307 - Hardy II, 69 (sans la réponse)
"I se répand dans le public une épitaphe du Parlement en vers français" dit Hardy. On peut croire que le texte, composé en 1764 pour le parlement de Rouen est actualisé en 1771 pour être appliqué au parlement de Paris sans que Hardy soit conscient de la manipulation.