Parodie des fureurs d'Oreste, tragédie
Parodie des fureurs d'Oreste, tragédie, scène dernière
Grâce au ciel mon malheur passe mon espérance.
J'ai fait des malheureux avec persévérance.
L'exil de la De Prie a droit de m'en punir,
Au comble des malheurs il me fait parvenir.
Si j'ai réduit la France aux pleurs, à la misère,
Si j'ai frappé Le Blanc d'une injuste colère,
C'est que je voulais être un tyran accompli.
Ce fut mon seul désir, Du Vernay l'a rempli.
Où est le vieux Fréjus pour couronner ma joie ?
Dans son sang, dans le mien il faut que je le noie.
De mon œil en mourant je veux le regarder
Réunissons deux cœurs qui n'ont pu s'accorder.
Mais quelle épaisse nuit tout à coup m'environne ?
De Prie, où êtes-vous, d'où vient que je frissonne ?
Quelle horreur me saisit ! grâce au ciel j'entrevois…
Dieu, ce sont les Pâris pendus autout de moi.
Le confident
Ah seigneur !
Quoi, Fréjus, je te rencontre encore.
Trouverai-je partout ce prêtre que j'abhorre ?
C'est sous mon mauvais œil que tu t'es donc sauvé.
Tiens, tiens, voilà le coup que je t'ai réservé.
Mais que vois-je ! À mes yeux de Prie hélas, l'embrasse.
Elle veut l'étouffer, je tremble, il la menace
De la faire enfermer et même malgré moi
Quel démon, quel serpent traîne-t-elle après soi ?
Je vois ses mains s'ouvrir, à voler toujours prêtes ;
Des filles de l'enfer elle a toutes les têtes ;
Le Blanc lui met du noir, sa mère la poursuit.
Fuyons, je veux partir pour l'éternelle nuit
Viens, ma chère De Prie, à toi je m'abandonne
À ma gloire, à mon roi préférant ta personne.
Mo sort est de périr des coups d'une carogne
Je te réserve encore mon cœur à déchirer
Après t'avoir donné l'État à dévorer.
Clairambault, F.Fr.12699, p.329-30 - Maurepas, F.Fr.12631, p.339-40 - F.Fr.9532, f°264v-265r - F.Fr.15018, 157r-158r - Arsenal 2937, f°422r-422v - Arsenal 2975, p.32-33 - Arsenal 3128, f°79v et 245r-245v - Stromates, I, 3389-90 - Besançon BM, MS 561, p.77-78 - Bois-Jourdain, II, 11-13