Parallèle des duchesses de Cossé et de Brancas
Parallèle des duchesses de Cossé et de Brancas1
Lorsque de Dieu la main féconde
Tira l’univers du chaos,
Il prescrivit pour règle au monde
Le mouvement et le repos.
Cossé, Brancas, par caractère,
Offrent ce contraste frappant ;
L’une est le repos de la terre,
Et l’autre en est le mouvement.
Cossé ne peut tenir en place,
Et Brancas ne saurait changer ;
L’une voudrait franchir l’espace,
Et l’autre voudrait l’abréger.
Toutes deux font ici fortune,
Tour à tour, on cherche à les voir ;
On aime à courir après l’une,
Près de l’autre on aime à s’asseoir
Cossé rappelle ces Génies,
Ces sylphes, amis des humains,
Faisant des courses infinies,
Versant les biens à pleines mains.
Veillant de loin sur l’indigence,
Et la ranimant d’un coup d’œil ;
Brancas nous peint la Providence,
Faisant du bien de son fauteuil.
Cossé peut être un peu trop vive,
Dévote un jour en un moment ;
Brancas, quelquefois trop tardive,
Voudrait retenir chaque instant.
A qui des deux donner la palme ?
Cela mérite attention :
L’une est un sage dans le calme,
Et l’autre un sage en action.
- 1Cet ingénieux parallèle, qui fut composé à Contrexéville, était, d’après Métra, l’œuvre « d’un M. Cérutti, qui après avoir passé sa vie à chanter des psaumes, s’amuse maintenant à chanter nos belles dames ». (R)
Raunié, IX,259-61