L'Abbé Fatras
L’abbé Fatras1
L’abbé Fatras
De Carpentras
Demande un bénéfice.
Il en aura,
Car l’Opéra
Lui tient lieu de l’office,
Monsieur d’Autun2 ,
Qu’il en ait un !
C’est un devoir
De le pourvoir :
On veut le voir
Venir le soir,
Précédé de sa crosse,
Et le matin,
Chez sa catin
Arriver en carrosse.
Pour Armide il a tant trotté3
Pour Alceste il s’est tant crotté,
Que c’est pitié
De voir à pied
Ce grand apôtre de coulisse,
Tout comme un sergent de milice.
- 1Il court une chanson fort plaisante et fort bien faite sur l’abbé Arnaud ; elle est de Marmontel, sur l’air : L’avez-vous vu, mon bien aimé ? (La Harpe) - On lit dans la Correspondance secrète de Métra au mois de juin : « Vous vous rappelez les disputes bénignes qui se sont élevées, il y a quelques années, entre plusieurs membres de notre auguste Académie. Les gentillesses qu’ils se sont réciproquement adressées n’ont pas peu contribué à relever l’honneur de ce corps. En mettant le public dans leurs secrets respectifs, ils nous ont mis à portée d’apprécier leur mérite. Comme les philosophes ont de la rancune, cela n’est pas fini, et parfaitement d’accord contre les profanes, ils guettent toujours l’occasion de se déchirer entre eux. Marmontel, ayant appris que l’abbé Arnaud sollicitait une abbaye, s’est souvenu qu’il était vis‑à‑vis de lui en reste d’une chanson, et voilà celle dont il l’a régalé. » Bien que Grimm rapporte que l’on attribuait cette chanson à Collé, et qu’elle pouvait bien être de l’abbé Morellet, l’assertion de Métra, relativement à Marmontel, paraît beaucoup plus fondée. (R)
- 2 - L’évêque d’Autun, M. de Marbeuf, était alors chargé de la feuille des bénéfices. (R)
- 3 - On l’appelle le Galopin de Gluck. (M.) (R)
Raunié, IX,252-53 - F.Fr.13653, p.130-31 - La Harpe, CL, t.III, p.102-03 - CSPL, t.X, p.32-33 - Vigée-Lebrun, Souvenirs, t.I, p.81 (six premiers vers)
Réplique à $1469. Marmontel et l'abbé Arnaud se trouvaient en opposition car Marmontel était piccinniste et l'abbé Gluckiste forcené. Tous deux se lançaient des épigrammes, des couplets. (Vigée-Lebrun qui reproduit les deux poèmes)