Requête à la cour des aides
Requête à la Cour des Aides1
Aimable Cour des Aides,
Nos fidèles amis,
Venez, de grâce, à l’aide
De nos faibles maris ;
Ces pauvres magistrats,
Comme à leur ordinaire,
Remplissent mal, à notre avis,
Soit au Palais, soit au logis,
Leur petit ministère.
Vous croiriez plus de force
A nos fiers exilés ;
De cette belle écorce
Les voilà dépouillés.
Au Palais, comme ailleurs,
Malgré toute leur gloire,
Les exilés sont aussi mous,
Peut-être plus que les Maupeous ;
Vous pouvez nous en croire.
Quand le sel assaisonne
Les mets et les ragoûts,
La saveur qu’il leur donne
Flatte plus notre goût ;
Mais redoutant le feu
D’un piquant badinage,
Ils ont jugé fort à propos,
Dans leurs arrêts, comme des sots,
D’en proscrire l’usage.
Sur une autre denrée,
S’ils osaient établir
Un plus gros droit d’entrée,
Qu’ils auraient de plaisir !
Mais ils n’auront jamais
De puissance assez forte.
Nos chers amis, rassurez-vous,
Vous entrerez toujours chez nous
Sans payer à la porte.
- 1Cette requête facétieuse, dans laquelle les femmes des membres du Parlement de Bordeaux invoquaient le secours de la Cour des Aides, fut composée à l’occasion d’un impôt sur le sel établi dans cette ville pour la construction d’une salle de théâtre, impôt que le Parlement avait laissé passer, tandis que la Cour des Aides l’avait rejeté. (Mémoires secrets)
Raunié, IX,126-27 - F.Fr.13652, p.160-61 - Mémoires secrets, X, 191-92