Caractère de la nation française
Caractère de la nation française1
Toujours amants, toujours sujets fidèles,
Comme autrefois,
Loyaux, francs et courtois,
Le respect de nos lois,
Le culte de nos belles
Et l’amour de nos rois,
Nous rendent à la fois
Toujours amants, toujours sujets fidèles.
De nos bons rois le seul nom nous enflamme ;
Grands et petits
Chantent ces noms chéris.
Les cœurs sont attendris,
Nous ne formons qu’une âme :
Parle-t-on de Henri ?
Le plaisir jette un cri,
Tant d’un bon roi le seul nom nous enflamme.
Toujours aimé, toujours, toujours aimable,
Qui fut ainsi ?
Parbleu, ce fut Henri ;
Il aurait rétabli
L’âge d’or de la fable ;
Cet heureux âge, ami,
Renaîtra sous Louis,
Toujours aimé, toujours, toujours aimable.
Notre bonheur, Henri, fut le tien même :
Quand sous tes coups
Tombe un parti jaloux,
Alors un jour plus doux
Luit au peuple qui t’aime ;
Eh bien ! ventre-saint-gris,
Comment a fait Louis ?
Tout comme Henri, ma foi ; c’est tout de même.
Toujours, toujours, l’un agit comme l’autre
Du bon Henri
Le temps n’est pas fini ;
Tout ranime aujourd’hui
Mon espoir et le vôtre,
Je suis de votre avis,
Laissons faire Louis ;
Un jour, un jour son nom vaudra bien l’autre
Tout bon Français se choisit une dame.
Toujours Henri
En agissait ainsi ;
Louis éprouve aussi
D’amour la douce flamme ;
Il a donné son cœur ;
On connaît son vainqueur :
Il est l’amant, oui, l’amant de sa femme.
Avec deux mots on va peindre Antoinette :
A la beauté
Elle unit la bonté ;
Le Français enchanté
La voit, l’aime et respecte.
Ah ! morbleu, les beaux yeux !
Son cœur vaut encor mieux.
Vive Louis, vive, vive Antoinette !
- 1autre titre : Couplets sur la nation française à l’occasion de la pièce d’Henri IV - Une fort jolie chanson qu’on chantait depuis quelques jours avec émotion, je puis même dire avec une sorte de transport dans les sociétés, motif pressant pour la transcrire ci-contre. On attribuait cette chanson charmante au sieur Caron de Beaumarchais, cet homme si connu par ses talents et si fameux par ses aventures ; tandis que quelques personnes voulaient qu’elle eût été composée par le sieur Monvel de la Comédie-Française (Hardy)
Raunié, IX,23-25 - F.Fr.13652, p.278-80 - Hardy, IV, 71-72