Invectives contre Séguier et Joly de Fleury
Invectives contre Séguier et Joly de Fleury
Quel est le rhéteur pantomime1
Qui, feignant un front abattu,
Veut jouir des profits du crime
Et des honneurs de la vertu ?
Il s’attendrit sur nos disgrâces.
Tartuffe, laisse tes grimaces,
Tu ne peux plus nous décevoir ;
Personne ne t’en tiendra compte,
Tu n’en tireras que la honte
D’avoir mal joué ton devoir.
Il est une âme encor plus basse2
,
C’est toi, l’opprobre des Fleurys,
Dont l’ignorance oisive et crasse
A réuni tous les mépris.
Dans la plus infâme crapule
On t’a vu rouler sans scrupule
Quand l’honneur réclamait ta voix.
Aujourd’hui le vice t’appelle,
Va donc lui prodiguer ton zèle,
Il eût déshonoré les lois.
Sur les promesses de ton maître
Tu fondes ta félicité ;
Ne vois-tu pas comme le traître
Se rit de ta crédulité ?
Tant que tes manœuvres reptiles
A ses projets seront utiles,
Tu n’essuieras aucun refus.
Mais ne trouve jamais étrange
S’il te repousse dans la fange
Quand tu ne lui serviras plus.
Tâche d’éterniser l’injure
Dont tu viens de couvrir les lois ;
Où te cacheras-tu, parjure,
Quand Thémis reprendra ses droits ?
Par ton hypocrite assurance,
Détruis la publique espérance
Qui te pénètre de terreur,
Comme on voit le tremblant athée
Nier, d’une bouche effrontée,
L’enfer qui mugit dans son cœur.
- 1M. Séguier. Il présenta les lettres patentes qui commettent le Conseil pour tenir le Parlement les larmes aux yeux. (M.) — C’était dans la séance du 24 janvier qu’il fut donné lecture des lettres patentes en vertu desquelles des membres du grand Conseil étaient chargés de remplacer les magistrats destitués. « M. Séguier, premier avocat général, fit un discours des plus concis, portant en substance que son cœur était pénétré de la douleur que l’on voyait peinte sur son visage, et que ce n’était que les larmes aux yeux qu’il donnait ses conclusions ; en même temps ce papier parut lui tomber des mains et lui‑même se laissa tomber sur son siège, de manière à faire croire à sa sensibilité véritable, si l’on n’avait eu les raisons les plus légitimes d’en douter. » (Mémoires de Hardy.) Il conservait en effet ses fonctions de premier avocat général
- 2Joly de Fleury, qui prit la place de procureur général du nouveau Parlement. Il a été exilé peu de temps avant le retour de l’ancien à Maubeuge. (M.) (R
Raunié, VIII,211-13 - Fr.15141, p.187-90 et 235-36