Les Prophéties de la Sorbonne
Les prophéties de la Sorbonne1
Au prima mensis tu boiras
Assez mauvais vin largement ;
En mauvais latin parleras
Et en français pareillement.
Pour et contre clabauderas
Sur l’un et l’autre Testament ;
Vingt fois de parti changeras
Pour quelques écus seulement2
.
Henri Quatre tu maudiras
Quatre fois solennellement3
,
La mémoire tu béniras
Du bienheureux Jacques Clément4
.
La bulle humblement recevras
L’ayant rejetée hautement ;
Les décrets que griffonneras
Seront sifflés publiquement5
.
Les jésuites remplaceras
Et les passeras mêmement :
A la fin, comme eux, tu seras
Chassée très vraisemblablement6
.
- 1« La Sorbonne est aujourd’hui l’objet des sarcasmes de tous nos modernes philosophes ; chaque jour voit naître et mourir des pamphlets contre elle où l’on se plaît à rappeler des anecdotes peu flatteuses ; on vient d’imprimer des prophéties où elle est fort maltraitée. Sa censure sur Bélisaire a fait sortir de l’obscurité toutes ces misères, qui ne font pas beaucoup d’honneur à l’esprit qui les produit, mais qui produisent toujours un effet très malheureux en rendant méprisable un corps qui doit être respecté. » (Nouvelles à la main, Bib. Mazarine.) (R)
- 2On a encore à Londres les quittances des docteurs de Sorbonne consultés, le 2 juillet 1530, sur le divorce de Henri VII par Thomas Krouck, agent du tyran, qui délivra l’argent aux docteurs. (M.) (R)
- 3Il y eut quatre principaux libelles de Sorbonne, appelés Décrets, qui méritaient le dernier supplice. Le plus violent est du 17 mars 1590. On y déclare excommunié et damné le grand Henri IV, ainsi que tous ses fidèles sujets. (M.) (R)
- 4 Le moine Jacques Clément, étudiant en Sorbonne, ne voulut entreprendre son saint parricide que lorsque soixante‑douze docteurs eurent déclaré unanimement le trône vacant et les sujets déliés du serment de fidélité le 7 janvier 1589. (M.) (R)
- 5On sait que la Sorbonne appela de la bulle Unigenitus au futur concile, en 1718, et la reçut ensuite comme règle de foi. (M.) (R)
- 6C’est ce qui vient d’arriver, et ce qui désormais arrivera toujours. (M.) (R)
Raunié, VIII,120-21 - Mémoires secrets, II, 857-58