Sur Dorat
Sur Dorat1
Bon Dieu ! que cet auteur est triste en sa gaîté2
!
Bon Dieu ! qu’il est pesant dans sa légèreté !
Que ses petits écrits ont de longues préfaces !
Ses pleurs sont des pavots, ses ris sont des grimaces.
Que l’encens qu’il prodigue est plat et sans odeur !
C’est, si je veux l’en croire, un heureux petit-maître,
Mais, si j’en crois ses vers, oh ! qu’il est triste d’être
Ou sa maîtresse, ou son lecteur3
!
- 1Claude‑Joseph Dorat (1734‑1780), après avoir essayé sans succès du théâtre, s’était adonné à la poésie légère, dans laquelle il se signalait surtout par son inépuisable fécondité. C’est la publication du quatrième chant de son poème sur la Danse qui lui attira l’épigramme ci‑dessus.(R)
- 2L’on me donna l’épigramme suivante contre Dorat. On assure qu’elle est de Voltaire. […] L’épigramme de Voltaire ne vaut pas grand chose. Elle est pleine de petites antithèses et de petits concetti ; elle est lâche et allongée. L’épigramme ne doit jamais être qu’un trait vif et saillant, auquel tous les vers qui la composent doivent se rapporter.(Collé)
- 3Cette épigramme, qui fut attribuée à Voltaire, est en réalité de La Harpe.(R)
Raunié, VIII,104 - F.Fr.13651, p.298 - Avignon BM, MS 2720, p.4 - Collé, III,173 - Mémoires secrets, II, 826 - La Harpe, CL, t.II, p.53 - CLK, V,3, p.255 - Poésies satyriques, p180 - Choix d''épigrammes, p.119