Conseils aux Français
Conseils aux Français
Français, ne guerroyez donc plus,
Vos efforts seraient superflus ;
Vos bras sont redoutables… eh bien,
Vos têtes pitoyables,
Vous m’entendez bien.
A Rosbach, un chef barbouilleur
Vous a comblé de déshonneur ;
On fuyait comme quatre
Avant que de combattre.
A Crevelt, vos braves guerriers
En vain ont cueilli des lauriers ;
L’impérieux Mortagne1
Croit qu’on perd quand on gagne.
D’Hastembeck le sage vainqueur2
Fit triompher votre valeur ;
Mais un ordre suprême
Le terrassa luimême.
J’aime mieux, dit son successeur,
Plus de profit et moins d’honneur ;
Vaincre est fort difficile.
Traiter est plus utile.
Hanovre, vous avez grand tort,
D’appréhender pour votre sort ;
Au lieu de vous détruire…
Il voulait vous construire3
.
Français, votre règne est passé,
Votre valeur s’est éclipsée ;
Je m’arrête, et je n’ose… eh bien,
Vous en dire la cause,
Vous m’entendez bien.
- 1Lieutenant général des armées du roi (M.) — Il passait pour être l’inspirateur du comte de Clermont, le vaincu de Crevelt. (R)
- 2Le maréchal d’Estrées, rappelé après cette bataille. (M.) (R)
- 3A son retour de l’armée il fit bâtir un pavillon sur le rempart, vis‑à‑vis la chaussée d’Antin, que l’on nomme le pavillon d’Hanovre, et dont le peuple cassa une fois les vitres. (M.) — Richelieu avait encouragé le pillage par l’exemple qu’il donnait tout le premier, et qui lui attira de la part de ses soldats le sobriquet mérité de Père la Maraude. (R)
Raunié, VII, 302-04