Sur l’Académie française
Sur l’Académie française1
Déjà Livie2 en votre temple
Vous a fait recevoir un guerrier sans talents3 ;
Aujourd’hui même encor, Julie4 à son exemple,
Pousse un petit collet5 qu’elle a mis sur les dents ;
Prenez garde qu’enfin quelque autre Messaline,
Ne consultant que ses seuls intérêts,
Pour confrère ne vous destine
Une âme de mirebalais.
J’attends que Dieu vous illumine,
Et, si le seul talent vous détermine,
Vous n’ouïrez, avocats, marquis, ni prestolets6 ;
C’est une engeance, une vermine
Qui sert trop mal l’État, l’Église et le Palais.
- 1 - A l’occasion des sollicitations pressantes que faisait la duchesse de Chaulnes (Bonnier) pour faire recevoir à l’Académie l’abbé de Boismont. (M.) — « Quand la duchesse a su que M. de Châteaubrun se présentait et était protégé par M. le duc d’Orléans, elle a voulu engager ce prince à se désister. On s’est moqué d’elle au Palais Royal ; on a fait plus : quelqu’un qui ne l’aime pas (et il y en a beaucoup de ce nombre), vient de l’affubler d’une épigramme sanglante. Elle est trop mal faite et trop emportant la pièce pour n’être pas d’un homme de qualité. » (Journal de Collé.) (R)
- 2 Mme la duchesse de la Vallière. (M.) (R)
- 3M. de Bissy. (M.) (R)
- 4La duchesse de Chaulnes. (M.) (R)
- 5« Le petit collet est l’abbé de Boismont, que l’on dit être son souteneur, car elle n’a jamais eu d’amant. » (Collé) (R)
- 6M. du Vaudier, avocat, et le marquis de Ximenès. (M.) (R)
Raunié, VII,262 -Clairambault, F.Fr.12721, p.31 - F.Fr.10479, f°417r
Une version abrégée avec variantes se trouve en $3496.