Sur l'exil de l'archevêque de Paris
Qu’allez-vous voir1
? Est-ce un faible roseau
Flexible à tous les vents d’un orage nouveau ? —
C’est un chêne puissant, dont la superbe tête
S’élève jusqu’aux cieux et brave la tempête,
Un rocher au milieu de la mer isolé,
Battu de mille flots sans en être ébranlé ;
Un pontife, un pasteur dont la noble constance
De lui ravir ses droits ôte toute espérance.
Malgré lui, de la barque il prit le gouvernail2
;
Tout le fit admirer : vertus, zèle, travail ;
Faut-il que des enfants, oubliant qu’il est père,
Contre lui de son prince excitent la colère ?
Il respecte ses traits ; ne craignant rien pour lui,
Il tremble pour la foi, dont son bras est l’appui.
Peut-on ne pas trembler dans la barque qui flotte ?
Je n’entends dans les airs que ces lugubres sons :
Sauvez-nous du danger, Seigneur, nous périssons !
Chrétiens, rassurez-vous, Beaumont est le pilote.
- 1« L’archevêque de Paris reçoit bien du monde à sa maison de Conflans ; les curés de Paris, supérieurs, évêques et gens de conséquence, ont été le voir. Il a avec lui ses deux neveux qui sont officiers aux gardes… Jusqu’ici il se tient tranquille et ne fait rien, quoiqu’on se défie beaucoup de son entêtement. » (Journal de Barbier.) (R
- 2M. de Beaumont refusa plusieurs fois l’archevêché lors de sa nomination. (M.) (R)
Raunié, VII,248 - Clairambault, F.Fr.12721, p.27 - F.Fr.10479, f°413r - Barbier, VI, 90