L'Exil de Beaumont
L’exil de Beaumont
Beaumont, sens ta méprise,
A l’eau tant va le pot
Qu’à la fin il se brise ;
Qu’à ta place on est sot !
Enfin donc on t’exile,
Tu deviens à ton tour
La fable de la ville
Ainsi que de la cour.
Du clergé la puissance
N’a pu t’en garantir
De ta persévérance
Tu dois te repentir ;
Ta liberté ravie,
Prélat, te prouve bien
Que l’homme en cette vie
Te doit compter sur rien.
Du Parlement l’absence
Fit ton contentement,
Il est de cette offense
Vengé présentement.
Qu’il prend bien sa revanche !
Ne te plains point à tort
Que la balance penche
Du côté du plus fort.
Rien n’échappe aux grands hommes :
Pour le salut de tous,
Dans le siècle où nous sommes,
Il fallait un Maupeou.
Du vrai suivant la route,
Tu devais bien prévoir
Qu’il porterait sans doute
Échec à ton pouvoir.
Ta trame découverte
Par ce grand magistrat
Assure dans ta perte
Le repos de l’État.
Il fallait un exemple
Aux yeux de tes égaux ;
Crains Thémis dans son temple,
Préviens de plus grands maux.
Crois-moi, change de thèse,
Ou tu pourras longtemps
Méditer à ton aise,
Malgré tes partisans ;
Dépouille ton audace,
Et, moins rebelle aux lois,
Attends tout de la grâce
Du plus puissant des Rois.
Raunié, VII,244-46 - F.Fr.10479, f°400r-401r - Arsenal 4844, f°255r - Mazarine Castries 3989, p.434-36