Le Retour du Parlement
Le retour du Parlement1
Elle est enfin de retour,
Cette auguste compagnie ;
Français, chantons tour à tour
Chantons tous, malgré l’envie :
Vive, vive le Parlement !
Adieu la mélancolie,
Vive le Parlement
Et son premier président.
Vive à jamais notre Roi,
Vivons tous pour le voir vivre ;
De notre commune loi
Que la Parque le délivre.
Vive, vive le Parlement !
Qu’au plaisir chacun se livre.
Louis triomphe en ce jour ;
Grand Sénat, par ta victoire
Il te rend à notre amour ;
C’est le comble de la gloire ;
Vive, vive le Parlement !
En son honneur il faut boire.
Sois toujours le protecteur
D’un peuple qui te révère ;
Louis fait notre bonheur,
Mais sers-nous toujours de père.
Vive, vive le Parlement !
Répétons tous à plein verre.
Il fallait, grands Sénateurs,
Toute votre résistance
Pour prévenir nos malheurs ;
Tout allait en décadence.
Vive, vive le Parlement !
Ah ! qu’il tient bien la balance.
Venez moissonner des ris,
Vous qui semâtes des larmes ;
Rassurez tous nos esprits
Par la force de vos armes,
Vive, vive le Parlement !
Qui met fin à nos alarmes.
Digne objet de tous nos vœux,
Magistrat prudent et sage,
Maupeou, reçois dans ces lieux
De chacun le juste hommage.
Vive, vive le Parlement !
Tenons toujours ce langage.
Puissions-nous tous à jamais,
Au sein d’une douce ivresse,
Jouir de l’aimable paix
Que procure la tendresse.
Vive, vive le Parlement !
Chantons avec allégresse
Vive, vive le Parlement !
Et son premier président
- 1 - Le Roi profita de la naissance du duc de Berry pour faire grâce au Parlement. A la fin du mois d’août, les conseillers exilés eurent ordre de rentrer à Paris ; le 3 septembre, la Chambre royale fut supprimée, et le 4, le Parlement reprit ses fonctions. « Les cours du Palais et les escaliers étaient remplis de peuple qui, à l’arrivée de chaque carrosse et au passage des conseillers, criait : Vive le roi ! vive le Parlement ! La grande salle du Palais était si pleine de monde qu’on ne pouvait plus s’y remuer. Il y avait une démonstration de joie générale. On claquait des mains et on criait de même. » (Journal de Barbier.) (R)
Raunié, VII,242-44 - Mazarine Castries 3989, p.423-26