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La Chambre des vacations

La chambre des vacations1
Allons tous voir, aux Augustins,
Cette chambre nouvelle,
Ouvrage des ministres calotins
Qui perdent la cervelle.

Ils veulent nous faire sentir du Roi
La puissance suprême,
Mais anéantissant la loi
Que devient le diadème ?

Crois-nous, notre ami d’Argenson2 ,
Ton erreur est extrême ;
L’on rit de ta commission
Ainsi que de toi-même.

Jadis ton père en Parlement
Vint faire triste figure ;
Crains qu’il ne t’en arrive autant :
C’est ce dont on t’assure.

Du fier auteur de Montfaucon3
N’oublie point l’aventure,
Eût-il cru qu’à ce même canton
Il serait de parure.

Tout ministre doit de son roi
Soutenir la puissance ;
Mais c’est en respectant la loi
Et les droits de la France.

  • 1 autre titre : Novembre 1753. Chanson sur la chambre des vacations aux grands Augustins (Arsenal 2964, F.Fr.10479). - On avait excepté de l’exil les conseillers de la Grand'chambre, avec la pensée qu’ils seraient plus dociles aux ordres de la cour, mais comme ils persistaient à s’occuper des querelles religieuses, ils furent relégués à Pontoise « On prit alors le parti, au temps des vacances du Parlement, de laisser la Grand'chambre rentrer d’elle même dans l’inaction et pour y suppléer d’établir à Paris une chambre des vacations composée de conseillers d’État et de maîtres des requêtes. Elle tint ses séances aux Grands Augustins, et passa tout le temps de son existence à lutter contre les juridictions inférieures et surtout contre le Châtelet, qui ne voulaient pas la reconnaître. » (Vie privée de Louis XV.) (R)
  • 2« Tout le monde, observe Barbier, crie contre M. d’Argenson, comme ayant été dans le conseil du Roi l’auteur des lettres de cachet, contre l’avis de M. de Machault. » Et le marquis d’Argenson confirme cette observation. « Des Parlementaires, dit‑il, m’apprennent avec douleur que l’irritation du Parlement est montée au dernier degré contre mon frère ; qu’on l’y accuse des maux du royaume et des traitements injustes que le Parlement essuie de la part du monarque » (R)
  • 3D’après l’opinion commune, Enguerrand de Marigny avait fait élever le gibet de Montfaucon, où il fut pendu le 30 avril 1314. Mais c’était là une tradition erronée : les fourches patibulaires existaient longtemps avant lui. (R)

Numéro
$1123


Année
1753 Novembre




Références

Raunié, VII,229-30 - F.Fr.10479, f°305 - Arsenal 2964, f°183 et 194v