La Paix d’Aix-la-Chapelle
La paix d’Aix-la-Chapelle1
Le monarque chéri de l'univers entier,
Craint des peuples voisins et que la France adore,
Esclave d'un conseil devenu trop altier,
Fait une paix honteuse et qui le déshonore.
Victorieux partout, triomphant, plein de gloire,
Il reçoit une loi qu'il devait imposer ;
Et sa grande bonté, fatale à sa mémoire,
A sa parole sainte ose se refuser.
Victime des traités, Édouard malheureux2
,
Privé de ses États, mais grand dans sa misère,
Tranquille sur la foi d'un roi cru généreux,
Éprouve en scélérat le poids de sa colère.
Par un seul coup d'éclat l'Angleterre abattue,
En élevant la voix opprime son vainqueur ;
Rentre dans tous les droits de sa gloire perdue,
Fait craindre sa puissance et nous force à l'horreur.
- 1 La paix d’Aix‑la‑Chapelle fut signée le I6 octobre 1748. « Le marquis de Saint‑Séverin, l’un des plénipotentiaires de France au congrès, commença par déclarer qu’il venait accomplir les paroles de son maître qui voulait faire la paix non en marchand, mais en roi. Louis XV ne voulut rien pour lui, mais il fit tout pour ses alliés. Il parut plus beau et même plus utile à la cour de France de ne penser qu’au bonheur de ses alliés, que de se faire donner deux ou trois villes de Flandre qui auraient été un éternel objet de jalousie. » (Voltaire.) (R)
- 2Barbier écrivait, au mois de mars 1748 : « Le prince Édouard peut s’attendre à être la victime aux propositions du congrès. » L’événement justifia ses prévisions. Louis XV, cédant aux exigences de l’Angleterre, s’engagea par un article secret du traité à chasser de France le Prétendant auquel il avait donné sa parole de ne point le renvoyer. L’opinion publique fut vivement surexcitée par l‘expulsion du prince, surtout, comme le remarque La vie privée de Louis XV, « après l’avoir appelé en France, l’avoir ébloui d’espérances brillantes et l’avoir, au péril de sa vie, fait servir de jouet à nos desseins ; ce qui était lâcheté et perfidie. » (R)
Raunié, VII,127-28 - Clairambault, F.Fr.10718, p.393 - F.Fr.10478, f°250r - Stance sur le Prétendant Possédons sans fierté, subissons sans murmure Le sort que nous a fait l’auteur de la nature, Dieu qui nous a rangés sous différentes lois Pour faire autant d’heureux, non pas autant de rois.