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L'Opéra de Persée

L’Opéra de Persée1
Quoique l’opéra de Persée
Soit une vieille pièce usée,
Remise au théâtre assez mal,
D’y courir tout Paris s’empresse ;
Mais c’est notre grand maréchal
Qu’on applaudit, et non la pièce2 .

Notre héros, à qui tout cède,
Sur le défenseur d’Andromède
L’emporte en prudence, en valeur ;
Et sa gloire est si véritable,
Que l’on peut dire sans fadeur
Qu’il a réalisé la fable.

Sur ce que l’on dit de Persée,
Sur son casque et sur son épée,
Son entreprise de valeur,
Surtout sur sa prudence extrême,
Dans l’instant chaque spectateur
En fait l’apostrophe en lui-même.

Pour faire en tout l’allégorie,
Junon est la reine d’Hongrie ;
Charle est le monstre qui combat ;
Et cette Andromède chérie
C’est la France, c’est tout l’État
Qu’il sauve au péril de sa vie.

  • 1 - Autre titre: Critique de l’opéra de Persée remis au théâtre le 20 novembre 1746. (M.) (R)
  • 2« Dimanche 20, le maréchal a été à l’Opéra dans le balcon ; il a été reçu du public comme l’année dernière avec de grades démonstrations de joie et d’applaudissements, par des claquements de main réitérés ; mais il a eu une grande marque de distinction, la toile ayant été levée, au lieu de commencer le prologue, Mlle Chevalier, première actrice de l’Opéra, a paru, et elle a chanté une cantate à la louange du maréchal, avec trompettes et timbales, ce qui a renouvelé les claquements du public. Le maréchal a été surpris et décontenancé ; on dit même qu’il a été mécontent d’une réception aussi marquée. Cependant, il n’est pas à présumer que cela se fasse sans permission de la cour, ou pour mieux dire élu Roi. » (Journal de Barbier.) (R)

Numéro
$1032


Année
1746




Références

Raunié, VII,80-81 - Clairambault, F.Fr.12715, p.203-04 - Maurepas, F.Fr.12649, p.357-58 - F.Fr.10477, f°328 - F.Fr.13655, p.167-08 - BHVP, MS 550, f°60r-60v - BHVP, MS 558, p.32