Un tendre duo1
Pleine de courroux,
La reine d’Hongrie
Dit à son époux :
Je suis bien maigrie ;
Morguienne de vous
Quel homme, quel homme ;
Morguienne de vous
Quel homme êtes-vous !

Ma ceinture au mieux
Était élargie ;
Et d’un quart ou deux,
Elle est rétrécie ;

Tout est entre nous.
Dans notre ménage,
Sens dessus, dessous
Je suis au pillage.

Dans mes hauts États,
La Prusse fait tapage
Dans mes bas États,
La France fait rage.

Quoi ! l’on m’ôtera
Jusqu’à ma quenouille ?
Sans que pour cela
Votre Altesse grouille ;

J’aurai de plein saut
Cru prendre l’Alsace,
Et je n’ai tantôt
Plus qu’une besace,

Frère Charle à tout
Ne peut faire tête,
Frère George à bout
Renonce à la quête.

Mettez ordre à cela
Grand-duc de Toscane,
Sinon d’un pacha
Je me fais sultane.

Madame à monsieur
Chante ainsi la gamme ;
Monsieur en fureur
Répond à madame :

Fussions-nous déjà
Vous et moi sans terre !
Car en ce cas-là
Nous serions sans guerre ;

Je ne fais qu’un vœu
Pour vivre en ce monde,
Bon lit et bon feu,
Une paix profonde.

Je n’aimai jamais2
Bruit ni tintamarre
Je cherche la paix
Et vous la bagarre.

Mais on n’entend rien
Quand c’est moi qui parle
 On trouve tout bien
 Quand c’est Georges ou Charles.

Charle a ses dessins,
George a ses promesses :
Battez-leur des mains,
Je m’en bats les fesses ;

Un tendre duo
Termina la fête ;
Duo que l’écho
En tout lieu répéte :
Morguienne de vous,
Quel homme, quelle femme,
Morguienne de vous
Quel homme3 êtes-vous ?

• 1 Autre titre: Dialogue entre le grand-duc et la reine de Hongrie au sujet du mauvais succès de ses armes. (M.) (R)
• 2Les deux couplets qui suivent ne se trouvent que dans F.Fr.13658.
• 3quelle femme (F.Fr.15142)