La Convalescence du roi
La convalescence du roi1
Manon, essuyons nos pleurs,
Recouvrons toute notre joie,
Car le Roi se porte mieux,
C’est le ciel qui nous le renvoie ;
S’il était mort, quel chagrin !
Ma foi, j’étions tous orphelins. —
Francœur, ce que tu me dis
Chasse ma frayeur mortelle :
Au grand Dieu du Paradis
J’devons une belle chandelle :
Je ne pouvais plus parler,
Tout cela me faisait trembler.
Grand Roi ! que tu nous es cher !
Que tu nous as causé d’alarmes !
Mon homme a le cœur de fer :
Mais cette fois j’ons vu ses larmes ;
Et pendant que Louis souffrait,
Jusqu’à nos enfants tout pleurait.
Changeons nos cris en chansons,
Et notre douleur en noce ;
Pour que ça soit tout de bon,
Ce soir, jc veux devenir grosse,
Et le fruit de mon amour
A Louis seul devra le jour.
- 1 - « On a chanté à NotreDame un Te Deum pour le rétablissement de la santé du Roi. Il y a eu un feu d’artifice, tiré à la Grève, fait par des artificiers italiens, qui a été assez beau par la variété. Toutes les rues de Paris ont été illuminées avec magnificence ; il y a quantité de simples particuliers qui se sont distingués par une dépense considérable, indépendamment des hôtels des princes, seigneurs et gens attachés à la cour, qui ont été illuminés avec des charpentes ou placages et lustres faits exprès, le tout garni de lampions. Sur le pont Neuf, dans les places publiques et plusieurs endroits, il y avait deux pièces de vin que l’on distribuait avec des cervelas et des pains, et devant chaque distribution de vin il y avait une charpente de gradins pour cinq ou six musiciens qui jouaient des instruments. » (Journal de Barbier.) (R)
Raunié, VII,28-30 - Maurepas, F.Fr.12647, p.185-86 - F.Fr.10477, f°88 - F.Fr.13657, p.89-90 - NAF.9184, p.390-91 - Mazarine 3988, p.428-29