La Disgâce de Madame de Mailly
La disgrâce de Madame de Mailly
Grand roi, que vous avez d’esprit
D’avoir renvoyé la Mailly1
!
Quelle haridelle avez-vous là !
Alleluia
Vous serez cent fois mieux monté
Sur La Tournelle que vous prenez.
Le d’Agénois2
vous le dira.
Si la canaille ose crier
De voir trois sœurs se relayer3
Au grand Tencin envoyez-la.
Le Saint-Père lui a fait don
D’indulgences à discrétion
Pour effacer ce péché-là,
Dites tous les jours à Choisy
Avant que de vous mettre au lit,
A Vintimille un Libera
Alleluia.
- 1On lit dans les Mémoires du marquis d’Argenson : « 5 novembre 1742, grande nouvelle ! Le Roi a congédié Mme de Mailly pour prendre sa sœur, Mme de La Tournelle. Cela s’est passé avec une dureté inconcevable de la part du Roi très chrétien. C’est la sœur qui fait chasser la sœur ; elle exige son exil. Mme de Mailly a été renvoyée un peu plus durement qu’une fille d’Opéra ; le samedi, à dîner, le Roi lui dit qu’il ne voulait pas qu’elle couchât le soir à Versailles, elle devait cependant y revenir le lundi ; il y eut quantité de missives et de courriers ce jour‑là. Mme de La Tournelle a voulu absolument exiger que sa sœur ne revînt jamais à Versailles, tant qu’elle serait maîtresse du Roi. » La maîtresse disgraciée ne reparût plus à la cour.
- 2« Le duc d’Agénois, attaché à Mme de La Tournelle, en était tellement aimé, lorsque le Roi prit du goût pour elle, qu’on entendait dire à cette dame qu’elle ne concevait point comment on pouvait, même pour un roi, manquer de fidélité au duc d’Agénois. Cet amant avait, en effet, toutes les qualités capables de former et d’alimenter une passion ; sa physionomie était des plus intéressantes et son esprit étendu et profond, son ambition seule et l’ordre du Roi de partir pour l’armée pouvaient interrompre, sans la détruire, une liaison aussi bien cimentée. Louis XV, sensible à la beauté de Mme de La Tournelle, en fit la confidence au duc de Richelieu, lui demanda conseil et reconnut avec lui la nécessité d’envoyer d’Agénois à l’armée pour opérer une diversion favorable et séparer les deux amants. » (Mémoires de Richelieu.) (R)
- 3Le roi Louis XV a été aussi amoureux de Madame de Vintimille, soeur de Mesdames de Mailly et de la Tournelle, morte en couches à Choisy.
Raunié, VI,329-30 - Clairambault, F.Fr.12710, p.137 - Maurepas, F.Fr.12646, p.117-18 - F.Fr.12675, p 461 - F.Fr.12682, f°28r - F.Fr.13655, p.429 - F.Fr.13656, p.462 - F.Fr.15134, p. 655-56 - F.Fr.15140, p.86-87 -F.Fr.15150, p.314-15 - NAF.9184, p.515 - Arsenal 3117, f°17bisr - BHVP, MS 542, p.392-93 - BHVP, MS 549, f°88v-89r - BHVP, MS 556, p.43-44 - Mazarine Castries 3988, p.132-33 - Mazarine 2356, f°75r - Journal de la police, Barbier, VI, 208 (premier couplet) - Barbier-Vernillat, III, 114-15