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La Voltairomanie

          La Voltairomanie
Ma foi, Voltaire est un grand homme !
Dans la Grèce et l’ancienne Rome
Mortel ainsi que lui n’est né,
De tous talents mieux guerdonné.
De tout le bon seigneur se pique,
Ce n’est que salpêtre, que feu ;
Gente épigramme, œuvre lyrique,
Le travail pour lui n’est qu’un jeu ;
En huit jours, pièce dramatique,
L’histoire lui coûte aussi peu.
Mainte épitre philosophique
De son haut savoir en tout lieu
Est une autre preuve authentique ;
Grand poète, fin politique,
Marchand, libraire, historien,
Usurier, comédien,
Bel esprit, profond en physique ;
De Newton, sans savoir pourquoi,
Adoptant le système optique,
Déiste, Quaker, empirique,
Partout il trouve de l’emploi ;
D’une nouvelle poétique
On attend de lui la leçon,
Du goût oracle véridique,
Dans une pagode comique
Gît idole de sa façon ;
Il brave tout, haine publique,
Religion, gouvernement ;
Coffré par ordre du Régent,
Soutint licence satyrique
Dont Chabot fut le président1 ;
Enflé de ce laurier critique,
A d’autres honneurs il prétend ;
Nouveau Capanée, il se pique
D'attaquer un Dieu qui l’attend.
Salamalech à ce grand homme ;
D’ici jusqu’à demain j’en pourrais discourir,
Son éloge ne peut tarir.2
Arrêtons-nous, amis, et concluons en somme :
Ma foi, Voltaire est un grand homme !

  • 1Le chevalier de Rohan-Chabot avait fait donner des coups de bâton à Voltaire (M.)
  • 2tarir / Mais c'est assez en discourir ; / Concluons et disons en somme / Ma foi Tolvaire est un grand homme (Van Streen)

Numéro
$0892


Année
1738 / 1740 (Van Streen)

Auteur
Desfontaines ?



Références

Raunié, VI,245-46 - Clairambault, F.Fr.12808, p.241-42 - Maurepas, F.Fr.12635, p.137-38 - F.Fr.13662, f°226r-226v - F.Fr.15148, p.358-61 - F.Fr.15231, f°242 - BHVP, MS 659, p.301-03 - Versailles BM, MS F98, p.25  - Voltariana, p.259-60 - Van Streen, p.423-25


Notes

Dans la version proposée par Kees Van Streen, par ailleurs identique pour l'essentiel, Voltaire est systématique dit Tolvaire. Le poème est pris du Diable hermite, attribué à Pierre Lambert de Saumery (p.373) ainsi présenté: "Je veux vous faire voir une petite pièce de la façon d’un poète sans fard que vous reconnaîtrez peut-être à son style. Lisez, ajouta-t-il en me présentant un papier sur lesquel étaient écrits les vers suivants :".