L'Arrêt du parlement d’Aix
L’arrêt du parlement d’Aix
Or écoutez, petits et grands,
Quel est l’arrêt des plus criants
Que le Parlement de Provence,
Autrefois un des bons de France,
A rendu sans aucun égard
Pour blanchir le père Girard.
Ce jésuite, infâme bigot,
Méritait au moins le fagot,
Pour avoir séduit la Cadière
De la plus damnable manière
Avec d’autres filles aussi
Qu’il dirigeait à sa merci.
Quoique convaincu pleinement,
Par son propre aveu seulement,
L’arrêt le décharge de crime
Et le renvoie en bonne estime
Au juge églisier qui déjà
Avait sauvé ce scélérat.
Puisqu’on lave ainsi l’accusé
Et qu’il est en tout excusé,
Les accusateurs sont coupables
Et par conséquent punissables1
,
Non, ils ont dit la vérité ;
Par grâce tous ont liberté.
Oh ! quel étrange jugement,
Qui de lui-même se dément ;
Quelle en sera la conséquence ?
Du sacrement de pénitence
Chacun redoutant les abus,
Se confesser ne voudra plus.
Les directeurs par ce canal
Peuvent faire impunément mal ;
Corrompre même les Lucrèces,
Usurper toutes nos richesses.
S’il s’en trouve de bons entre eux,
Ils sont interdits en tous lieux.
- 1 Aussi est‑ce avec juste raison que Barbier se demande « comment, l’arrêt étant passé au plus doux à la décharge du P. Girard, est‑il possible qu’on ne lui donne ni dommages et intérêts, ni réparation, après les crimes infâmes dont on l’a accusé. » (R)
Raunié, V,283-85 - Clairambault, F.Fr.12702, p.169-71 -Maurepas, F.Fr.12632, p.289-90 - F.Fr.15020, f°269r-270v - F.Fr.15133, p. 100-01 - F.Fr.15137, p.25-27 -F.Fr.15145, p.464-67 - F.Fr.15231, f°101 - F.Fr.15243, f°67 - F.Fr.23859, f°75 - Arsenal 2934, p.32-34 - Arsenal 2962, p.518-520 - Arsenal 3133, p.250-52 - BHVP, MS 602, f°207r-207v - Lille BM, MS 69, p.190
Chanson sur l’air des Pendus au sujet de l’arrêt du 10 octobre 1731 qui absout le Père Girard (F.Fr.15231)