La Naissance du Dauphin
La naissance du dauphin
Le ciel nous favorise enfin,
Nous venons d’avoir un Dauphin.
Buvons du vin au lieu de bière.
De nos cœurs chassons le chagrin,
Nous chanterons soir et matin,
Bénissons Dieu de cette affaire.
Que chacun donc se mette en train
Et versons des tonneaux de vin,
Quoique d’argent nous n’ayons guère.
Le Dauphin nous le rendra bien,
Car il en aura le moyen,
Ou ce sera monsieur son père.
Avant que d’être au monde mis,
Toute chose montait de prix,
Même jusques à la lumière.
Mais à présent tout va changer ;
Nous avons tout lieu d’espérer
Sous un aussi beau ministère.
L’on nous va rendre notre bien,
Ainsi le prétend le Dauphin,
Qui s’est fait fort de cette affaire.
Car il est déjà généreux
Et chacun sera très heureux
Dès qu’il saura marcher par terre.
Que de gens vont être contents,
Que de femmes feront d’enfants,
Que de filles s’en feront faire !
Et les paniers, plus que jamais,
Seront utiles désormais ;
Ah ! quel gain pour chaque ouvrière !
Buvons à ce charmant enfant
Qui sera quelque jour très grand.
Buvons à madame sa mère
Que Dieu lui donne d’heureux jours
Et que rien n’en trouble le cours,
Mais, vive son aimable père !
Raunié, V,183-85 - Clairambault, F.Fr.12699, p.511 - Maurepas, F.Fr.12632, p.12-14- Choix d'épigrammes, p.141