Sans titre
O vous, beautés surannées,
Venez ouïr mes chansons ;
Vous y serez bien traitées,
Et trouverez des mignons
Pour vos mirlitons.
La plus brillante jeunesse
Ne gagne pas tous les cœurs ;
Souvent la riche vieillesse
Trouve plus d’adorateurs
Et de mirlitons.
Vieilles, vous pouvez prétendre,
Si vous avez de l’argent,
De rendre Saint-Vallier tendre
Et Pontdevesk constant
Pour vos mirlitons.
La Mothe, d’Apcher, Feuquières,
Boutteville et Roussillon1
S’efforceront de vous plaire,
Et traiteront de mignons
Vos gris mirlitons.
Il est temps, belle jeunesse,
De citer vos partisans ;
Richelieu, plein de tendresse,
Vous présente à tous moments
Son gros mirliton.
Pour vous l’Amour se déclare :
D’Alincourt est converti2
,
Sur les toits Saxe s’égare,
Et Fargis s’est rajeuni
Pour vos mirlitons.
Vers vous Mirepoix s’avance,
Bursin, Visgontier, Bury ;
Quoique des Alleurs s’offense,
Ils feront tous bon parti
A vos mirlitons.
Pour Charlus je dois me taire,
Coigny pour même raison :
Tous deux ont de quoi nous plaire ;
Mais pour agir tout de bon,
Quels sots mirlitons !
J’oublie avec connaissance
Une troupe de bassets,
L’Amour indigné s’offense
Qu’on lui donne tels sujets
Pour des mirlitons.
Belles, sur ceux que je nomme,
Vous ne pouvez vous tromper,
De par l’Amour je vous somme
De souvent les appliquer
Sur vos mirlitons.
Les sottises que tu craches,
Auteur anonyme et plat3
,
Sentent de loin le bardache,
Qui voudrait qu’on laissât là
Tous les mirlitons.
Raunié, IV,211-13 - Clairambault, F.Fr.12699, p.17-22 - Maurepas, F.Fr.1231, p.77-79 (sans le dernier couplet)