Sans titre
Tout respire en ces retraites
Les flammes d’un tendre amour ;
Les rossignols, les fauvettes,
Las de chanter tour à tour,
Font le mirliton.
Faisons tout comme eux, la belle,
Dans notre jeune saison ;
Quand le plaisir nous appelle,
Qu’est-ce donc que la raison ?
C’est du mirliton.
Dessous ce feuillage sombre,
Étendue sur le gazon,
Après des baisers sans nombre,
Dès que je vois ton téton,
J’ai du mirliton.
Si ta pudeur trop sévère
Craint mes regards curieux,
Permets qu’une main légère,
Fasse l’office des yeux
Sur ton mirliton.
Sous ta blanche chemisette
Laisse ma main s’égarer ;
La résistance n’est faite
Que pour qui ne peut montrer
Un beau mirliton.
En vain tu fais l’innocente,
Tes efforts sont superflus,
Chaque instant mon feu s’augmente ;
Ma foi ! je ne réponds plus
De mon mirliton.
Mais enfin je les contemple
Ces appas les plus secrets ;
D’Amour le plus joli temple,
J’en jure, et je m’y connais,
C’est ton mirliton.
Tendre Amour, reçois l’offrande
Que j’ose t’y présenter :
Vois si ma ferveur est grande,
Je vais y recommencer
Six fois mirliton.
Si ta maman en murmure,
Moque-toi de ses leçons,
Suis les lois de la nature,
Et si quelqu’un dit que non,
Dis-lui mirliton.
Raunié, IV,181-83 - Clairambault, F.Fr.12699, p.16-17