La majorité du Roi1
Prince, voici le jour où, maître de vous-même,
Vous allez supporter le poids du diadème.
Notre félicité fut l’objet de vos vœux,
Elle sera le fruit de vos soins généreux.
Dans vos yeux, dans nos cœurs, nous lisons ces présages ;
L’étoile du matin écartant les nuages,
Au soleil qui la suit a préparé son cours
Et lui laisse l’honneur de faire des beaux jours.
De combien de succès vont être couronnées
Les vertus qu’on a vu croître avec vos années !
Un empire paisible en vos mains est remis,
Vous ne voyez qu’États alliés ou soumis,
Le grand roi dont le ciel vous transmet l’héritage,
Autour de son berceau vit s’élever l’orage ;
Mais vous, loin d’éprouver de semblables revers,
Vous naissez au milieu des vœux de l’univers.
Tout va vous seconder ; des ministres fidèles,
Près du trône des rois lumières immortelles,
Entre tous vos sujets un ordre harmonieux,
De sages magistrats, un peuple industrieux,
Des chefs et des soldats formés par la victoire :
Prince, que de talents tournés à votre gloire !
Non, votre seul exemple élèvera les cœurs,
Leur sagesse sera l’ouvrage de vos mœurs,
Les talents s’étendront sous vos regards propices ;
D’un règne florissant les arts sont les délices :
Jusqu’ici vos plaisirs ont occupé nos voix,
Bientôt, par vos vertus, nous instruirons les rois.

• 1 Pièce présentée au roi le jour de sa naissance et de sa majorité, 12 février 1723. (M.) (R)