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Le Palais de sapin

Le palais de sapin1
J’ai vu dans un jardin2
Un palais de sapin,
Dont la solidité
Fait la beauté.
Les toits, les murs et les montants,
Sont faits de planches de bois blanc,
Dont le plus ou moins de longueur
N’a pas un pouce d’épaisseur.
Mais vive la coupe des plafonds,
Qui sont des toiles à torchons !
De face on croit voir le bain
De Poitevin,
Et de travers
Cinq chemins couverts,
Dont trois cintrés en contrebas,
Les deux autres sont plats ;
Ceux-ci pour débaucher les passants,
Ceux-là pour nicher les marchands.
L’humidité le pourrira ;
Un lumignon l’enflammera ;
Ou bien le vent l’emportera ;
Mais jamais il n’enfoncera.
Il est posé sur les six rangs,
De ces piliers à bonnets blancs,
Que l’on prenait l’hiver dernier
Pour des ruches en espalier3 .
Or donc, il ne craint aucun fléau,
Hormis le feu, l’air et l’eau.

  • 1« Comme le bâtiment du nouveau palais de M. le duc de Chartres ne sera repris que dans trois ou quatre ans, on a voulu tirer, en attendant, quelque parti du terrain, et l’on y a élevé des boutiques en bois, dont la décoration répond à celle des arcades, en forme l’enceinte et permet dès à présent de faire le tour du jardin à couvert. C’est la plus belle foire qui ait jamais existé, et le vœu que formait M. de Voltaire de voir embellir un jour Cachemire par un de ces grands bazars entourés de colonnes et servant à la fois à l’utilité et à l’ornement, ne pouvait être plus magnifiquement accompli. Le public y gagne et se tait ; quelques particuliers y perdent : ceux‑là crient et, ne pouvant s’en venger autrement, s’en dédommagent au moins par des sarcasmes et par des chansons. » (CLG) (R)
  • 2Le théâtre des Variétés amusantes s’est élevé dans l’enceinte du Palais-Royal avec une célérité qui tient du prodige. Les comédiens français et italiens ont échoué dans toutes leurs démarches contre cette entreprise. Les nouvelles galeries élevées en face du palais, et qui font la jonction des deux ailes de bâtiments sont terminées. Un plaisant a fait sur cet édifice de bois une chanson digne de Panard pour la caustique simplicité qui y règne. Elle se chante sur l’air de la Marche du Roi de Prusse. (CSPL)
  • 3 L’année passée, les fûts des colonnes étaient couverts de chapeaux de paille qui leur donnaient en effet l’air de ruches. (M.) (R)

Numéro
$1558


Année
1785




Références

Raunié, X,161-62 - F.Fr.13653, p.448 - Mémoires secrets, XXVIII,11-12 - CSPL, t.XVII, p.229-30