Le Visa
Le Visa1
Or venez tous, braves François,
Sans oser réclamer les lois,
Vérifier votre indigence.
Une Inquisition en France
De cinq contrôleurs généraux2
Est le remède à tous nos maux.
Approche ici, belle Alison,
D’où te vient ce beau cotillon ?
L’avais-tu avant le système ?
Il faut, par une loi suprême,
Justifier d’où tu le tiens ;
Sinon Pâris te le retient. —
De quel droit me le retenir ?
Je voudrais bien le voir venir ;
Je ne crois pas qu’il s’y hasarde.
Fût-il encor soldat aux gardes3
,
Il saurait bientôt s’il fait bon
Se frotter à mon cotillon.
Quoi ! tenir de pareils discours
Des plus grands hommes de nos jours,
Des colonnes de la Régence,
Des restaurateurs de la France
Sous qui tremble comme un pied plat
Le plus fier conseiller d’État4
?
- 1 7 avril 1721. — Fait à l’occasion de l’arrêt qui ordonne que chacun justifiera d’où lui viennent les contrats sur l’Hôtel de Ville, ses billets de banque, actions et autres valeurs de papier. (M.) — Le visa fut établi par arrêt du 26 janvier. C’était une mesure illégale en principe et dont l’application devait l’être encore davantage. « Il y aura toujours des injustices dans cette opération, dit Barbier, soit par les p…, soit par l’argent qu’on donnera. Les riches se tireront toujours d’affaires et le bon bourgeois sera la victime du système. » (R)
- 2Le Peletier de La Houssaye et les quatre frères Paris. (M.) — Félix Le Peletier de La Houssaye, conseiller d’État, avait succédé à Law en qualité de contrôleur général, le 22 décembre 1720. La déroute de Law remit les frères Paris en faveur. « Les Paris arrivent, écrivait Marais, et ils vont reprendre l’administration des finances qu’ils avaient et dont on était assez content. » (R)
- 3Pâris du Vernet. (M.) (R)
- 4Le Peletier de La Houssaye. (M.) (R)
Raunié, III,238-39 - Clairambault, F.Fr.12697, p.15-16 -Maurepas, F.Fr.12630, p.343-44 - F.Fr.13655, p.497 - Arsenal 2962, p.125-26 - Arsenal 3231, p.563-64 (manque la dernière strophe)