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sans titre

Monsieur le prévôt des marchands1 ,

Qui ne vous moquez pas des gens,

Ayez égard à la supplique

D’un aveugle de soixante ans,

Auteur froid et mélancolique

Qui ne vit que de ses talents.

 

À cent francs, moi, très mince auteur,

Taxé par votre impositeur !

Me prend-il donc pour un Voltaire ?

Oh ! s’il estime tant mes vers,

Sa faveur ne me touche guère,

Les honneurs sont pour moi trop chers.

 

À Favart chétif chansonnier,

Qui de fonds n’a pas un denier,

Cent francs, c’est passer la limite ;

Mais vous, Monsieur, en pareil cas,

Si l’on taxait votre mérite,

Tous vos biens ne suffiraient pas.

  • 1Ce que j’ai fait de mieux depuis votre départ, c’est de faire diminuer mes impositions. Voici ma requête à M. le prévôt des marchands, Lettre de Favart à son fils, 23 octobre 1775 (Favart)

Numéro
$5831


Année
1775

Auteur
Favart



Références

 Favart, Mémoires et correspondances littéraires, Paris, 1808, t.III, p.235-36.