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Rime anglaise contre les officiers généraux de la Martinique

Rime anglaise contre les officiers généraux de la Martinique
Je t’écris, mon ami,
Comme le gouvernement de Martinique
Ly être bien conduit
Partout plein de fanatiques,
Qui se croire beaucoup d’esprit ;
J’en ris, toi riras aussi ;
Le monsieur général et Bénard1 ,
Qui l’être de si fins renards,
Ly plumer la poule comme diable,
Sans quartier je dis ly être impitoyable,
Mais cela faire grand bruit,
Le monde entendre l’argent sonner dans réduit.
Le Malherbe2 qui l’autre fois un laquais
L’y être à présent dans tout secret,
Et La Bessière à l’intendant ly servir de chat,
Sur pauvres Anglais qui être les rats,
L’un être bon singe, l’autre agent,
Pour le Feuquière3 ly être confus
Ly baille un ordre aujourd’hui, demain, ne souvient plus
Ly être irrésolu, ly être facile,
Car le gentilman ou un gille
Tenir même place chez lui,
Puisqu’on y voit aujourd’hui
Un rogue de soldat Thery
Fouetté autrefois, pour un crime commis,
Dans un bel fauteuil assis,
N’a pas avoir tort, ceuxlà qui en ri
Le monsieur Cornet et sa moitié,
Qui être cause de ces sales affaires,
Savent bien se rendre nécessaires,
Ly conduire bien le gibier
Pour l’y témoigner la bonne amitié ;
Justice l’y être rendue, ho ciel ! quelle pitié !
Ami, toi voir le procureur de Hauterive,
Ly tenir place aussi sur cette rive,
Ly conseiller ce bel Laurent sot,
Ly être, ly avoir fait, n’a pas à dire mot.
Contriman n’a pas être étonné,
Ly être un galant, avec poil doré
Que quand une fois l’y parle
Tout aussitôt l’y décidé,
Ly promettre tout, ly pas tenir rien,
Ly n’a pas tenir cœur, ly traite avec vanité,
Qui ne pouvoir pas, avec tout son bien,
Payer ses dettes et larcins, je dire la vérité :
Tout être fait ici avec point de rappel
Par cette infernale séquelle,
Une qui tue, qui friponne,
Une qui calomnie, l’autre qui empoisonne,
Ly être pendu très promptement
Mais si l’y tenir de l’argent
Ou si ly connaisse une p…    de grand gens,
Tout aussitôt de noir ly devenir blanc.
Sage conduite de ce double triumvirat
Aidé dc ce bel triumconat,
Qui ne connaître pas Dieu, ne craindre pas la peste,
Prendre garde aussi au bel jeu du reste.
Sus, réveillezvous conseillers, non pas tous,
Je dire pour ceux qui savent juger des coups,
Vous gentilmans et habitants,
Vous, être menés comme des manans,
Ouvrez les yeux que fermez,
Pensez des Romains à la fermeté,
Ou si vous voulez être menés
Partout par le bout du nez,
Vous pouvez continuer,
By God, j’en riré,
Farewell countrymen4 .

  • 1Intendant de ladite île. (M.) — Charles Bénard, commissaire de marine, intendant au port de Rochefort, installé en juin 1719, comme intendant des îles du Vent de l’Amérique. (R)
  • 2Commissaire général d’artillerie. (M.) (R)
  • 3Par de Feuquières, lieutenant général aux îles du Vent, depuis 1717, et gouverneur de la Martinique. (R)
  • 4Écrit au dos de la pièce : Pour M. le général de Feuquières. (R)

Numéro
$0449


Année
1721




Références

Raunié, IV,28-31 - Clairambault, F.Fr.12698, p.187a-187b