Chanson sur les mariages de la Ville
Chanson sur les mariages de la Ville
Pour célébrer le mariage1
Du petit fils de notre Ro2 i,
Vingt fillettes dans le bel âge,
De l’hymen ont subi la loi.
En imitant une princesse
Qui fixe l’amour sur ses pas,
Le cœur leur bat,
Le cœur leur bat ;
Mais c’est de plaisir, de tendresse ;
Le cœur leur bat,
Le cœur leur bat ;
Il rend hommage à ses appas.
Jadis le bruit et le tapage
Pouvaient éblouir un moment ;
Mais la ville prudente et sage
Joint le plaisir au sentiment ;
Autrefois un feu d’artifice
Signalait un événement :
Mais à présent,
Mais à présent,
Chacun revient de ce caprice
Mais à présent,
Mais à présent,
On ne perd plus sa poudre au vent.
Au sein d’aimables orphelines,
On voit renaître la gaîté ;
Le plaisir de ses mains badines,
Apprête leur félicité :
Entre ces jeunes citoyennes,
L’amour folâtre et vit tout bas ;
Dans ses ébats,
Dans ses ébats,
Ce Dieu leur fait chérir ses chaînes ;
Dans ses ébats,
Dans ses ébats,
Il leur prête encore plus d’appas.
Ce qui redouble leur ivresse,
Ce qui les charme dans ce jour,
Ce sont les vœux d’une princesse,
Couronnés par le tendre amour :
L’instant qui l’enchaîne à la France
A vu cesser tous leurs soupirs ;
Ah ! quels plaisirs !
Ah ! quels plaisirs !
Le bonheur vole à sa présence ;
Ah ! quels plaisirs !
Ah ! quels plaisirs
Thérèse a comblé leurs désirs.
Oui Thérèse à nos vœux si chère,
Fera toujours notre bonheur ;
A ses genoux, de Lavrilière,
Lui présentera notre cœur ;
Sur nos besoins, sans artifice,
Aux pieds du Trône il parlera ;
Il appuiera ;
Il s’écriera :
A ces enfants soyez propice ;
Il obtiendra ;
Jamais il n’a
D’autre plaisir que celui-là.
Mais je vois un héros sourire
Auprès de ces jeunes beautés ;
Leur candeur le flatte et l’attire ;
Ses regards en sont enchantés.
Près de lui le Dieu de Cythère
Dit à ce patron des guerriers :
Vous les voyez ;
Vous les voyez,
Ces beautés dont l’âme est sincère
Vous les voyez ;
Vous les voyez ;
Contentez-vous de vos lauriers.
Mais Brissac toujours magnanime,
Ne cèle point ses sentiments ;
Il veut, dans l’ardeur qui l’anime,
Qu’on donne à l’État des enfants.
Jalouses du titre de mère,
Si nous obtenons cet honneur,
Ah ! Monseigneur !
Ah ! Monseigneur !
A nos enfants servez de père ;
Ah ! Monseigneur !
Ah Monseigneur !
Soyez toujours leur protecteur.
Sous une loi qui nous est chère,
Unir nos cœurs remplir nos vœux ;
Ah ! C’est à de La Michodiere
Qu’appartient ce projet heureux !
Marier dans ce jour les filles,
Oui, tout le monde applaudira ;
Et lui dira,
Et lui dira :
Quand elles sont jeunes, gentilles ;
Et lui dira,
Et lui dira :
C’est bien la fête de l’État.
Aux doux plaisir livrons notre âme ;
Rions, chantons dans ce banquet ;
Tout approuve de notre flamme
Le sentiment vif et discret.
Que parmi nous la joie éclate ;
Qu’elle signale notre foi
A notre Roi,
A notre Roi ;
Buvons au prince qui nous flatte ;
Buvons au Roi,
Buvons au Roi ;
L’amour nous en dicte la loi.
- 1On distribuait le même jour une chanson composée à l’occasion de ces mariages, imprimée chez Pierres, imprimeur rue Saint Jacques, et que j’ai cru néanmoins devoir transcrire à la suite de cet article (Hardy).
- 2La reconnaissance des vingt filles mariées sous les auspices de l’Hôtel de Ville de Paris ce jeudi 25 novembre 1777 à l’occasion du mariage de Monsieur Charles Philippe de France comte d’Artois, avec la princesse Marie Thérèse de Savoie, fait à Versailles le 16 novembre 1773 (Hardy)
Hardy, III, 266-68